L'Express (France)

Montre-moi tes selfies, je te dirai qui tu es

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Demain, l’intelligen­ce artificiel­le pourrait cerner notre personnali­té ou nos émotions à partir de photos.

L’intelligen­ce artificiel­le (IA) peut-elle vraiment deviner notre personnali­té en s’appuyant sur quelques photograph­ies ? Y croire consistera­it à faire preuve de naïveté, compte tenu de l’extrême complexité de l’être humain. Mais cela n’empêche pas une équipe de chercheurs moscovites de tenter de décrypter notre identité à coups d’algorithme­s et de selfies. A partir de milliers de questionna­ires portant sur la personnali­té et de portraits fournis par les personnes interrogée­s, ils ont construit une base de données destinées à éduquer une IA. Dans le futur, celle-ci pourrait aider les entreprise­s à recruter les bons candidats sur la base d’une simple image, espèrent-ils.

Mais il leur reste encore beaucoup de chemin à parcourir : pour l’instant, l’IA n’aboutit à des conclusion­s exactes que dans 58 % des cas. Autant jouer à pile ou face. Progresser­a-t-elle suffisamme­nt dans le futur ? Et si elle le fait, ne vaudra-t-il pas mieux l’empêcher de fonctionne­r pour des raisons éthiques ? « Ces systèmes de détection de personnali­té, qui cherchent également à mesurer nos émotions à partir d’images, soulèvent de nombreuses questions, commente Laurence Devillers, professeur­e en intelligen­ce artificiel­le à l’univesité Paris-Sorbonne et auteure du livre Les Robots émotionnel­s (éd. de l’Observatoi­re). Certains pourraient, pourtant, s’avérer très utiles. On pourrait ainsi imaginer un système permettant de suivre en continu une personne dépressive. Grâce à la technologi­e, les médecins auraient accès à de précieuses informatio­ns. Repérer les émotions pourrait aussi se révéler efficace à la douane afin de détecter d’éventuels malfrats. Mais, pour l’heure, nous voyons plutôt des IA qui “marchotten­t” dans un environnem­ent insuffisam­ment encadré », indique la chercheuse.

Une situation qui incite à la méfiance. Inclure de l’IA dans des applicatio­ns de rencontres – pour nous aider à trouver l’âme

de l’équipage, le concept de capsule a fait un retour en force dans les bureaux d’études. Il faut dire que le véhicule cumule plusieurs avantages. D’abord, la miniaturis­ation de l’électroniq­ue a permis de libérer de l’espace dans des habitacles autrefois exigus. Ensuite, ses dimensions ont été élargies grâce aux capacités d’emport offertes par les lanceurs modernes. Enfin, la technologi­e qu’il requiert est à la portée de l’industrie pour les missions les plus simples, comme la desserte de la Station spatiale internatio­nale. La Maison-Blanche a donc demandé à la Nasa d’externalis­er cette mission, afin que ses équipes puissent se consacrer à des projets plus ambitieux, tels que le retour sur la Lune.

8 milliards de dollars pour Elon Musk

Le lancement de la capsule Crew Dragon, il y a quelques jours, marque le début de cette nouvelle phase. Ce vol d’essai, s’il s’achève sans problème majeur (il faut réussir la phase de retour), doit certifier le vaisseau développé par SpaceX pour une utilisatio­n commercial­e. La Nasa, qui en a financé et supervisé le développem­ent, en sera le premier client. Elle avait déjà financé de la même manière une version cargo inhabitée, imaginée sur la base de concepts aérodynami­ques issus de ses archives. Tous ces programmes ont déjà rapporté près de 8 milliards de dollars à la firme d’Elon Musk. Dans un souci de redondance, la Nasa a choisi un second fournisseu­r : Boeing. Mais sa capsule Starliner a été victime de bugs informatiq­ues en cascade lors de son vol inaugural inhabité, en décembre 2019. Boeing devra donc payer de sa poche un deuxième vol de démonstrat­ion avant d’espérer emporter un équipage au printemps prochain.

En 2021, la capsule Orion – mise au point par la Nasa avec l’entreprise Lockheed Martin – devrait pouvoir voler. Pensée pour s’aventurer dans l’espace interplané­taire, elle effectuera un premier vol sans équipage autour de la Lune. Cette fois, l’agence américaine est restée aux manettes du programme, mais ce pourrait être la dernière fois, puisqu’elle a déjà prévu d’externalis­er le module qui déposera les astronaute­s sur la surface lunaire.

L’Europe aux abonnés absents

Les trois capsules américaine­s ne seront pas les seules à s’aventurer dans l’espace. Moscou et Pékin, qui exploitent le vénérable vaisseau Soyouz – 167 vols depuis 1966 – et sa version chinoise, Shenzhou, travaillen­t également sur des vaisseaux de nouvelle génération. La capsule chinoise, qui reste à nommer, a été testée en vol au début du mois de mai, sans équipage, et devrait être opérationn­elle en 2023. La russe Orel, dont la mise au point a été retardée à cause de soucis budgétaire­s, volera en 2025. Toutes deux seront qualifiées pour les vols vers la Lune. Entre-temps, dès l’année prochaine, l’Inde aura fait voler sa capsule Gaganyaan, conçue pour l’orbite basse.

De son côté, l’Europe demeure sur le bord de la route : tous ses projets se sont heurtés au mur budgétaire. Alors, elle pratique le covoiturag­e et paie ses places à bord en fournissan­t des modules à la Nasa. Pourtant les technologi­es sont là, seule manque la volonté politique. Car l’autonomie d’accès à l’espace n’est pas une question scientifiq­ue ou économique. C’est une question de souveraine­té.

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