L'Express (France)

Ces milliards d’euros qui ne veulent plus rien dire

PAR BÉATRICE MATHIEU Tandis que les plans d’urgence se succèdent, l’idée que le tiroir-caisse de l’Etat est grand ouvert se répand… à tort.

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C’est un long chapelet de plans : plans d’urgence, de sauvetage, de soutien, de relance… et, en fin de compte, des milliards d’euros qui s’empilent. A en avoir la berlue. L’Etat français a mobilisé 500 milliards d’euros depuis la crise, a défendu Emmanuel Macron lors de son interventi­on télévisée du 14 juin. Le week-end dernier, les chefs d’Etat et de gouverneme­nt des 27 pays membres de l’Union européenne ont, eux, planché sur un plan de solidarité historique de 750 milliards. Quant à la Banque centrale européenne, elle a porté son bazooka monétaire baptisé « Programme d’achats d’urgence pandémique » (ou PEPP) à 1 350 milliards d’euros. Des sommes démesurées qui finissent par ne plus dire grandchose au commun des mortels.

En réalité, ces montants annoncés mélangent souvent des choux et des carottes. Il y a lieu de les passer au tamis et de séparer ce qui est réellement injecté sous forme de subvention­s, de prêts et autres décalages d’échéances, qu’il faudra inéluctabl­ement rembourser. Ainsi, sur les 500 milliards annoncés par le président, 58 milliards seulement ont réellement été déboursés et viendront plomber les comptes publics. La plus grande part est composée de prêts aux entreprise­s garantis par l’Etat mais distribués par les banques. De même, sur les 750 milliards du plan européen, moins de la moitié (310 milliards exactement) prendront la forme d’aides sonnantes et trébuchant­es. Au pays de l’argent magique, il faudra bien un jour retrouver le sens des milliards.W

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