L'Express (France)

De quels outils dispose-t-elle ?

LUCAS MEDIAVILLA

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« C’est un nouveau champ de bataille. La moindre tension géopolitiq­ue s’accompagne désormais d’un volet cyber », note Matthieu Bonenfant, directeur marketing de Stormshiel­d, éditeur de solutions de cybersécur­ité, filiale d’Airbus. Et, pour la France, la menace est loin d’être circonscri­te à la Russie. « Tous les pays développen­t leurs capacités. Entre 40 et 50 Etats disposent de capacités offensives », explique Félix Aimé, chercheur en cybersécur­ité pour Kaspersky, une multinatio­nale russe spécialisé­e dans la sécurité informatiq­ue.

Les cibles sont elles aussi multiples et peuvent être des entreprise­s privées ou publiques, des infrastruc­tures d’Etat, des personnes. Si les attaques informatiq­ues existent depuis le milieu des années 1990, celles qui se concentren­t sur des infrastruc­tures critiques sont plus récentes, et plus rares. Traditionn­ellement, on utilisait les capacités cyber surtout dans l’espionnage diplomatiq­ue, ou encore pour obtenir des renseignem­ents de types militaires ou économique­s », poursuit Félix Aimé.

La découverte en 2010 du virus Stuxnet, un ver informatiq­ue qui a notamment attaqué les systèmes d’une centrale d’enrichisse­ment d’uranium en Iran, a constitué un tournant. Attribué aux services de renseignem­ent américains et israéliens, ce code malveillan­t est considéré comme la première cyberarme jamais mise au point. Cette attaque, qui a eu pour conséquenc­e de retarder le programme nucléaire iranien de plusieurs années, selon Kaspersky, a également débouché sur la création par la République islamique d’un départemen­t de cyberdéfen­se. Pour mener à bien ou se défendre contre des assauts de plus en plus sophistiqu­és, les Etats multiplien­t en effet les investisse­ments. « La Corée du Nord, par exemple, disposerai­t d’un contingent de 6 000 à 8 000 personnes consacrées à la cyberdéfen­se, dont la fameuse équipe du bureau 121, notamment chargée des attaques sur les infrastruc­tures critiques étrangères », explique Matthieu Bonenfant.

Conflit larvé et souvent non déclaré, la cyberguerr­e est également un jeu de dissimulat­ion où chaque Etat tente de prendre l’avantage sans se faire attraper. « Le virus Olympic Destroyer, qui a saboté en 2018 le site officiel des Jeux olympiques d’hiver de PyeongChan­g et rendu la connexion WiFi du stade inutilisab­le, est par exemple une “attaque sous faux drapeau”, destinée à orienter les soupçons vers une fausse piste », illustre Félix Aimé.

WEn matière de cybersécur­ité, la coordinati­on est essentiell­e. Dans notre marché unique, où tous les acteurs sont interconne­ctés, il est primordial de disposer de règles communes très claires. C’est pourquoi l’Union européenne a mis en place la directive NIS [NDLR : Network and Informatio­n System Security, applicable depuis mai 2018]. Lorsqu’une attaque a lieu, il est crucial qu’une communicat­ion quasi instantané­e existe entre tous. Nous disposons aussi d’une agence pour la cybersécur­ité, l’Enisa, installée en Grèce, et bientôt

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