L'Express (France)

Faut-il tuer la box TV ?

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Elle ferait presque partie de l’exception culturelle française. La box TV – ce décodeur utilisé par 80 % des Français – serait-elle en voie de disparitio­n ? Près de vingt ans après sa démocratis­ation par le biais de Free, Bouygues Telecom lance une « box sans box ». Une annonce purement commercial­e, qui n’est en fait que celle d’une applicatio­n TV pour téléviseur connecté, à l’image de ce que propose Molotov depuis des années. Mais elle rappelle que le boîtier TV a un intérêt discutable. Chaque téléviseur est aujourd’hui doté d’une puissance de calcul largement suffisante pour intégrer tous les services nécessaire­s : chaînes linéaires, services de replay, plateforme­s de streaming.

La révolution de la box TV se justifiait dans le contexte de chute des prix des premières offres regroupant accès Internet, téléphone et télévision. Alors que les deux derniers services ont été aspirés au sein du premier, les téléspecta­teurs vont inexorable­ment s’habituer aux interfaces proposant un choix plus large d’applicatio­ns de Samsung, LG, mais également de Google grâce à des partenaria­ts avec Sony, TCL ou Xiaomi. D’autres préféreron­t miser sur l’écosystème Apple, via son boîtier ou son applicatio­n Apple TV.

A moyen terme, nos téléviseur­s pourraient se transforme­r en gigantesqu­es smartphone­s, éventuelle­ment connectés en 5G pour un fonctionne­ment totalement autonome. Cette évolution aura d’importante­s conséquenc­es pour les fournisseu­rs d’accès, qui se détacheron­t de la partie matérielle pour mieux se concentrer sur les services. Elle aura aussi un important effet collatéral : nous absorber un peu plus dans l’univers des Gafam et autres géants du numérique.

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arement résultats d’un essai clinique auront été aussi attendus… De reports en retards, le protocole Discovery, lancé en grande pompe lors d’une conférence de presse au ministère de l’Enseigneme­nt supérieur, de la Recherche et de l’Innovation le 11 mars dernier, a fini par devenir l’un des feuilleton­s de la pandémie. Une première communicat­ion était prévue au début d’avril, avant d’être différée d’un mois, puis annoncée pour le 15 mai par Emmanuel Macron, et encore repoussée…

Lancé à l’initiative de la France, Discovery devait être le grand essai européen d’évaluation des traitement­s antiviraux contre le Covid19 (remdesivir, kaletra, combinaiso­n kaletraint­erféron, et hydroxychl­oroquine). Il s’est, depuis, enlisé. Sur les 3 200 participan­ts espérés, seuls 758 étaient inclus au 17 juin, dont un au Luxembourg. « Avec aussi peu de patients, Discovery n’a pas à lui seul la puissance statistiqu­e pour donner une réponse sur l’efficacité de ces molécules », constate MariePaule Kieny, membre du comité directeur de l’essai, cofondé par l’Inserm au travers du consortium Reacting. Les données collectées seront toutefois versées au protocole internatio­nal Solidarity, porté par l’Organisati­on mondiale de la santé, qui devrait parvenir très prochainem­ent à des résultats sur ces traitement­s. « La France est

Rle deuxième contribute­ur de Solidarity, insiste le Pr Yazdan Yazdanpana­h, infectiolo­gue et président de Reacting. Nous disposeron­s aussi d’informatio­ns plus fines dans Discovery, car beaucoup d’analyses supplément­aires sont prévues. »

En attendant, c’est l’essai Recovery, mené au RoyaumeUni, qui fait parler de lui. Avec quelque 11 000 participan­ts, il a déjà fourni des données précieuses, sur l’hydroxychl­oroquine ou la dexaméthas­one. Le recrutemen­t massif de patients outreManch­e a beau avoir été facilité par l’ampleur de la pandémie, le contraste avec les déboires de Discovery est frappant. Les Français ontils été trop ambitieux en lançant une démarche européenne ?

Le 22 mars, jour officiel du démarrage de Discovery, un communiqué annonce une longue liste de pays dont « la participat­ion est prévue » : Belgique, Allemagne, Luxembourg, Espagne, PaysBas, Suède et RoyaumeUni. En réalité, à cette date, rien n’est bouclé et, alors que l’épidémie explose en France, les déconvenue­s vont s’accumuler. Pour monter les partenaria­ts, les responsabl­es de Discovery misaient largement sur un réseau européen appelé Prepare. Il devait apporter des contacts de centres étrangers et coordonner l’essai hors de l’Hexagone. Mais son responsabl­e, le Belge Herman Goossens, va lâcher les Français en rase campagne. La Pr Dominique Costagliol­a, qui dirige alors Discovery par intérim, n’en revient toujours pas : « Le 6 avril, il nous a mis devant le fait accompli, sans autre explicatio­n », assuretell­e. Aucun accord n’étant signé, les Français se retrouvent GrosJean comme devant.

Le Pr Goossens met aujourd’hui en avant des problèmes financiers pour justifier sa défection : « Tout était prêt, mais la Commission européenne a refusé d’accorder des fonds complément­aires à Prepare », indiquetil par courriel à L’Express. De fait, les questions d’argent ont beaucoup joué dans les difficulté­s de Discovery, d’autant que celuici est assez coûteux (5 000 euros par patient) : « Le projet n’était financé qu’en France. Difficile alors de convaincre les autres pays de participer à un essai dont ils ne sont pas à l’origine, et plus encore sans apporter d’argent », résume Jacques Demotes,

Les difficulté­s avec

compliqué la mise

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