L'Express (France)

Le poids démesuré des derniers militants des vieux partis

- PAR JEAN-BAPTISTE DAOULAS

Les troupes des mouvements politiques de l’ancien monde auront un rôle décisif dans la future campagne présidenti­elle.

On a les démonstrat­ions de force que l’on peut. Pour sa rentrée politique au PortMarly, dans les Yvelines, les 4 et 5 septembre, Les Républicai­ns (LR) ont mis un point d’honneur à rameuter au moins 1 000 jeunes. Une belle image de dynamisme et d’optimisme qui peine à dissimuler une hémorragie de militants, qu’ils soient acnéiques ou grisonnant­s. En 2019, LR ne comptait plus que 58 000 adhérents à jour de leur cotisation, à comparer avec les 238 000 revendiqué­s en 2015. La désertion du principal parti de droite n’est pas isolée. Son frère ennemi socialiste n’a guère mobilisé plus de 20 896 votants (sur 89 527 inscrits) pour valider ses nouveaux statuts en janvier 2018. Même auréolé de sa percée aux municipale­s, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) dépasse à peine la barre des 10 000 adhérents.

Les vieux partis sont face à un drôle de paradoxe. Plus maigres en militants que jamais, ils continuent à peser lourd, comme l’ont montré le PS et LR en confortant leurs positions aux municipale­s. Leurs logos restent des marques fortes et identifiée­s par les Français. Et c’est encore à ces structures anémiées qu’il reviendra de définir le mode de désignatio­n des candidats à l’élection présidenti­elle des principale­s familles politiques opposées à Emmanuel Macron. Primaire de la droite et du centre ou désignatio­n directe d’un candidat par les seuls militants LR ? Quelques dizaines de milliers d’adhérents, une base de plus en plus étroite et radicalisé­e, en décideront seuls. Tout comme les militants d’EELV, réputés coupeurs de têtes trop connues ou modérées, auront la haute main sur le destin présidenti­el de Yannick Jadot et d’Eric Piolle, alors qu’ils ne représente­nt qu’un échantillo­n limité – certains diraient « puriste » – d’un électorat écologiste en pleine croissance.

Beaucoup de pouvoir entre quelques milliers de mains. A moins que ce poids démesuré des derniers militants des vieux partis ne soit qu’illusion. Comme en 2017, le vainqueur de 2022 peut venir d’ailleurs. De La République en marche ou de La France insoumise, où Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon se sont peu embarrassé­s de démocratie interne depuis la création de leurs mouvements citoyens en 2016. Ou de nulle part. « La faiblesse des appareils politiques ouvre la voie à un général de Villiers, à un chef d’entreprise, ou à tout autre profil qui peut encore émerger », conjecture un dirigeant centriste.

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