L'Express (France)

Etats-Unis : pourquoi les sondages pourraient (encore) se tromper

- PAR CORENTIN PENNARGUEA­R

CLe système électoral américain et la crise du Covid-19 rendent les prédiction­s hasardeuse­s.

ertains ont appelé cela le « 11 Septembre des instituts de sondages ». Certes, en 2016, ceux-ci avaient vu juste en prédisant l’avance de Hillary Clinton : près de 3 millions de suffrages de plus que son adversaire. Mais aucun d’eux (sauf un) n’avait anticipé la victoire de Donald Trump, porté à la Maison-Blanche par le collège électoral. C’est en effet ce dernier, composé de grands électeurs représenta­nt les Etats, et non pas le suffrage universel direct, qui détermine in fine le résultat du scrutin. Ce qui rend les prédiction­s plus difficiles aux Etats-Unis qu’ailleurs. L’exercice est encore plus hasardeux aujourd’hui qu’il y a quatre ans.

« En pleine pandémie, avec des mouvements sociaux inédits et la menace constante d’ingérence extérieure, cette élection est la plus compliquée de notre histoire à anticiper », estime Scott Keeter, expert du Pew Research Center. « Nous connaisson­s les intentions de vote, mais pas la participat­ion. Or le fossé pourrait être énorme entre ceux qui prévoient de se déplacer et ceux qui le feront réellement », s’inquiète le sondeur. Combien d’Américains auront peur de se déplacer le jour du scrutin à cause du Covid-19 ? La poste parviendra-t-elle à gérer les millions de bulletins de vote par correspond­ance, qui devraient être plus nombreux qu’à l’accoutumée ? Les jeunes qui ont dû rentrer chez leurs parents sauront-ils où voter ?

A ces inconnues s’ajoute le phénomène des shy Trump voters, les électeurs de Trump « timides », réticents à dire leurs intentions aux instituts de sondages. En 2016, ces votants invisibles avaient modifié l’élection au dernier moment. Et surpris le monde entier. En 2020, l’ampleur de ce réservoir de voix reste difficile à mesurer. Les sondeurs craignent aussi la « surprise d’octobre », c’est-à-dire l’événement inattendu qui pourrait bouleverse­r la course au moment du sprint final. En 2016, le FBI avait ainsi ouvert une enquête contre Hillary Clinton à dix jours du vote. En 2020, année déjà riche en surprises, bien des rebondisse­ments sont possibles. Un vaccin contre le Covid-19 ? Une guerre avec l’Iran ? Un problème de santé chez un candidat ? Les paris sont ouverts.

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