L'Express (France)

Notre société est-elle de plus en plus violente ?

Une série de faits divers tragiques survenus cet été a lancé un débat politique autour de l’« ensauvagem­ent » d’une partie de la population, qui divise au sein même du gouverneme­nt.

- PAR LINDA KEBBAB

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i l’on regarde les statistiqu­es de la délinquanc­e en France, elles sont plus ou moins stables. En revanche, les violences « gratuites » – qui ne le sont jamais en réalité, ni pour la police ni pour la justice – sont, elles, en hausse. Il s’agit d’agressions qui ne trouvent pas leur origine dans un vol ou un motif crapuleux. Mais qui peuvent survenir pour pas grand-chose, par exemple pour un regard de travers. Comme le chauffeur de bus tabassé à mort, en juillet, à Bayonne, ou Axelle Dorier, cette jeune aide-soignante qui, à Lyon, a été tuée, percutée et traînée par une voiture sur des centaines de mètres, après avoir eu une altercatio­n avec des automobili­stes au sujet de son chien qui venait de se faire écraser. De telles violences vont intéresser le débat public et le citoyen qui va se demander s’il risque de prendre un coup de couteau pour rien dans la rue.

En 2019, les homicides et violences volontaire­s ayant entraîné la mort ont atteint un niveau jamais égalé depuis 1972. Voilà vraiment des chiffres sur lesquels on ne peut pas tricher. De manière générale, les comporteme­nts agressifs et violents sont en augmentati­on. Les forces de l’ordre l’observent à travers des indicateur­s très simples, comme le refus d’obtempérer – il y en a un toutes les trente minutes en France. Les individus concernés n’ont pas forcément un profil qui attire l’attention. Par ailleurs, il s’agit de plus en plus de citoyens lambda qui, auparavant, acceptaien­t l’autorité.

Les policiers constatent un autre changement : avant, ils étaient davantage appelés pour des conflits verbaux, aujourd’hui, ils sont surtout sollicités à l’occasion de conflits physiques. Pour le reste, le débat actuel sur l’insécurité dans notre pays est essentiell­ement sémantique et idéologiqu­e. Sur le terrain, les policiers se moquent de savoir s’il s’agit ou non d’une manifestat­ion de l’ensauvagem­ent d’une partie de la société. Ce qu’ils veulent, c’est une politique qui mette un terme à cette hausse de la violence.

Wdéléguée nationale d’Unité SGP Police-FO – syndicat majoritair­e chez les gradés et gardiens de la paix.

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