L'Express (France)

/ TOUT DÉPEND DES DONNÉES SUR LESQUELLES ON SE BASE

- PAR CHRISTOPHE SOULLEZ

Il n’y a pas d’explosion de la violence. Certes, elle est en augmentati­on, mais ce n’est pas un phénomène qui date de cet été. C’est le cas depuis 2009. Par ailleurs, un fait divers ne fait pas une généralité. Cela étant dit, il s’agit d’un débat complexe et il est en réalité très difficile de répondre à cette question. Car tout dépend des périodes que l’on compare mais aussi de quelle violence on parle puisqu’elle est protéiform­e : elle peut aller d’une claque à un tabassage en groupe. Surtout, il faut savoir sur quelles sources on s’appuie. Ce n’est pas la même chose si l’on se base sur les données policières issues des dépôts de plainte et si l’on prend en considérat­ion les enquêtes de victimatio­n qui correspond­ent à ce que les gens déclarent, qu’ils aient franchi ou non la porte d’un commissari­at. Les chiffres de la police montrent, depuis 2009, une hausse des homicides et des tentatives d’homicides, même si celle-ci reste marginale au regard du nombre global d’infraction­s. Du côté des enquêtes de victimatio­n réalisées chaque année par l’Insee, une baisse a été enregistré­e entre 2008 et 2016. Depuis, la tendance est plutôt à la hausse, le niveau reste inférieur à celui de 2008.

On a affaire à un débat récurrent depuis des années. Le problème avec les phénomènes d’ultraviole­nce où des individus s’acharnent sur d’autres, c’est que nous n’arrivons pas à les quantifier avec des données objectives. Nous ne disposons pas d’outils pour apprécier sur une échelle quantitati­ve la gravité et l’intensité de ces agressions ni pour savoir si elles augmentent ou pas. Or ce devrait être possible. Les Renseignem­ents généraux avaient bien, dans les années 1990, une « échelle de Richter » des violences urbaines. Il faudrait un outil équivalent. La seule chose que l’on sait, c’est que, dans la majorité des cas, ces coups et blessures volontaire­s ne donnent pas lieu à une incapacité temporaire de travail et que ces statistiqu­es évoluent peu.

Wchef de l’Observatoi­re national de la délinquanc­e et des réponses pénales (ONDRP).

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