Braquage à l’américaine
A la stupéfaction générale, Donald Trump veut imposer son candidat à la tête de la Banque interaméricaine de développement. Un coup de force sans précédent.
de santiags. Sans prévenir personne, et alors que les candidats latinos se préparaient tranquillement à l’élection feutrée des 12 et 13 septembre, la Maison-Blanche et le Trésor américain ont fait savoir qu’en qualité d’actionnaire principal de la BID, les Etats-Unis entendaient imposer leur poulain : Mauricio Claver-Carone.
Ancien du FMI, cet avocat cubanoaméricain est aussi l’impitoyable conseiller de Trump pour les affaires latino-américaines, partisan d’une ligne dure contre Cuba et le Venezuela. « Trump n’a même pas pris le soin de prévenir le président actuel, stupéfait par cette candidature », se désole un homme du sérail, qui connaît bien Luis Alberto Moreno. « Si encore Claver-Carone était quelqu’un d’exceptionnel… », poursuit ce haut fonctionnaire, dont l’avis est partagé par d’éminentes personnalités, tels Ricardo Lagos, ancien président du Chili, et Fernando Henrique Cardoso, celui du Brésil.
Pour Gaspard Estrada, politologue franco-mexicain à Sciences po, Washington joue un jeu dangereux : « L’étape suivante, c’est quoi ? Trump réclamant un Américain à la tête du FMI au lieu d’un Européen ? » En coulisses, diplomates et hauts fonctionnaires s’activent pour reporter le choix du nouveau patron de la BID au-delà de l’élection présidentielle américaine. « Pour cela, il suffirait qu’un nombre suffisant d’actionnaires, représentant au moins 25 % des votes, ne se présentent pas au prochain conseil d’administration », précise-t-il. Mais face au chantage politico-financier imposé par le « braqueur » Trump, certains, comme le Brésil, la Colombie et l’Equateur, ont déjà rendu les armes. ✷