Meridiam, l’invité surprise du match Suez-Veolia
Ce fonds d’investissement méconnu s’immisce dans les discussions houleuses concernant le rachat de Suez. Et pourrait récupérer sa branche eau en France.
De l’ombre à la lumière. L’expression colle assez bien à Meridiam. Encore inconnu du grand public il y a deux semaines, le fonds d’investissement créé en 2005 s’est soudainement invité dans le projet de rachat de Suez par son rival Veolia. Un mariage dont il pourrait profiter indirectement : Antoine Frérot, PDG de Veolia, serait enclin à lui rétrocéder la branche eau de Suez en France. Dans cette affaire, le fonds présidé par Thierry Déau se voit assigner le rôle de caution pour éviter les foudres de l’Autorité de la concurrence. Mais Meridiam est loin d’être un simple faire-valoir. Et ne rechignera pas une minute à s’emparer de cette promise.
Spécialisé dans les projets d’infrastructures (sociales, de mobilité ou dans la transition énergétique), Meridiam, codirigé par Sandra Lagumina, ex-no 2 d’Engie, est un acteur singulier parmi les fonds d’investissement. Son approche de long terme, fondée sur la recherche de projets durables, séduit les collectivités locales à travers le monde. La société est impliquée dans 80 projets en développement ou en exploitation dans une trentaine de pays. Pêle-mêle : des centres hospitaliers, des ouvrages d’art, plus de 3 000 kilomètres de routes et autoroutes, 500 de rails (dont une partie de la future ligne à grande vitesse Bordeaux-Tours), ou encore des sites de production d’électricité renouvelable.
Le marché de l’eau français est, lui, dans son viseur depuis quelque temps déjà. « En 2018, ils avaient tenté de s’emparer de Saur, le troisième acteur du secteur », se souvient Flavien Vottero, directeur d’étude à Xerfi. Avec 20 % de part de marché dans l’Hexagone et plus de 11 millions de clients, Suez est sans conteste un plus gros poisson. Mais, fort de ses 8 milliards de dollars d’actifs sous gestion, et 65 milliards en prenant en compte l’effet de levier, la jeune société semble capable d’assumer l’opération.
« C’est un acteur pertinent. A la différence d’autres fonds, Meridiam investit sur des cycles longs, de vingt à trente ans, avec une vraie vision industrielle », commente Emmanuel Autier, associé du cabinet de conseil BearingPoint. Un gage de sécurité pour les 29 000 salariés de Suez en France. Encore faut-il que Veolia emporte le morceau. Réponse d’ici la fin septembre.
W