Spliiit : s’abonner plus pour payer moins
La start-up française a su exploiter une zone grise du droit et propose aux internautes de partager leurs différents abonnements afin d’alléger la facture.
Ala manière de BlaBlaCar, Spliiit permet à de parfaits inconnus de partager les frais d’un long voyage, ceux de leurs abonnements. Malin : bien aidés par le boom du numérique, les Français en possèdent en moyenne cinq par personne. Avec ou sans engagement, pour de la musique, des séries, de l’info ou des jeux vidéo, il y en a pour tous les goûts. Pendant le confinement, la tendance s’est accélérée. Netflix a ainsi gagné 16 millions d’abonnés à travers le monde. Et Spliiit, qui propose plus de 75 services – dont Netflix, Disney + ou Apple TV –, a, de son côté, vu grimper de 300 % le nombre de ses clients (53 000 au total), indique Jonathan Lalinec, l’un de ses cofondateurs. Résultat, après moins d’un an d’existence, la start-up française est proche de dégager ses premiers bénéfices. Mais la seule folie pour les abonnements ne dit pas tout de son succès.
La plateforme répond aussi à la crainte des Français de voir leur pouvoir d’achat s’affaisser avec la crise sanitaire. Si chaque forfait dépasse rarement la dizaine d’euros, la facture mensuelle peut devenir salée lorsqu’ils se cumulent. Or, commission de la start-up comprise – 35 centimes par souscription, à l’exception du propriétaire du compte non taxé, + 5 % sur les prix payés –, un accès premium à Netflix ne revient qu’à 4,45 euros par mois sur Spliiit, contre 15,99 euros d’ordinaire. « Sur un an, c’est une économie équivalente à deux semaines de courses », a calculé Jonathan Lalinec. Comme chez les bookmakers en ligne, le site a instauré un système de cagnotte. Vous pouvez choisir de récupérer la somme collectée… ou de l’investir sur de nouveaux forfaits. 30 % des utilisateurs de la plateforme souscrivent ainsi à d’autres services. « Notre client le plus gourmand en a 17 », confie l’entrepreneur. Pour les autres, la start-up développe un système de bons d’achat bonifiés. « Si vous avez cumulé 100 euros, on vous offre un bon à 115 euros chez Carrefour, Ikea ou Amazon. »
A l’origine, Spliiit exploite une zone grise du droit, Netflix refusant le partage de compte à des inconnus. Mais la jeune pousse française assure avoir de bonnes relations avec son partenaire américain, qui tolérerait la plateforme. Avec d’autres, cette dernière signe des accords, faisant d’elle un réseau de distribution tout à fait légal. « Quand on partage, on est garant de ses co-abonnés donc on résilie moins facilement, c’est du “win-win” », assure Jonathan Lalinec. Certes. Mais de la zone grise à la ligne jaune, il n’y a qu’un pas…