Surveiller les gestes barrière des politiques, la nouvelle quête de pureté
LPointer du doigt un ministre qui n’a pas éternué comme il fallait, est-ce vraiment la nouvelle société que nous voulons?
e geste passe et repasse sur les écrans. Il est décortiqué comme une tête de Zidane. En visite à Clermont-Ferrand, le 8 septembre, Emmanuel Macron s’étouffe. Il baisse son masque et tousse dans sa main. Dans sa main, et pas dans son coude. Entorse impardonnable aux gestes barrière. « Les politiques insouciants face au Covid ? », interroge une chaîne d’info. Quelques heures plus tôt, aux journées parlementaires du MoDem, Jean Castex prenait la parole dans une salle bondée et devant un François Bayrou sans masque, alors que le Premier ministre était lui-même cas contact. Irresponsable ?
Evidemment, il serait heureux que les dirigeants se montrent exemplaires en toutes circonstances, surtout quand des menaces de contraventions planent sur les récalcitrants. Faut-il pour autant oublier que, tout Jupiter ou ministres qu’ils soient, l’apprentissage des bons gestes est aussi peu naturel pour eux que pour nous ? Cauchemardons ensemble. Et si vous, le collègue qui refusez de garder le masque dans l’open space, on vous faisait tourner en boucle à la télévision ? Ou vous, les copines qui partagez une cigarette dans la rue ? Ou l’auteur de ces lignes, coupable de multiples accrocs – la plupart involontaires, je vous le jure – aux consignes officielles ?
Cette recherche de la paille dans les yeux des élus pour mieux oublier la poutre dans les nôtres concentre deux inquiétantes pulsions : une insatiable quête de pureté chez nos dirigeants, couplée à une surveillance permanente et généralisée de leurs moindres faits et gestes. Vaccin ou pas, il sera difficile d’en guérir.
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