Faut-il que Suez et Veolia fusionnent?
L’idée d’un rapprochement entre les deux spécialistes de la gestion de l’eau et des déchets pour donner naissance à un géant mondial fait débat parmi les élus locaux.
LNON / « AUCUN SECTEUR NE PEUT FONCTIONNER CORRECTEMENT AVEC UN SEUL ACTEUR MAJEUR »
a France compte actuellement deux leaders mondiaux, solides, rentables, reconnus sur la scène internationale. Aucun secteur industriel ou de service ne peut fonctionner correctement à l’échelle nationale avec un seul acteur majeur. La concurrence est une source d’innovation, d’amélioration de la qualité du service et surtout de modération tarifaire. Elle est saine, car elle bénéficie aux collectivités comme au consommateur final.
Fusion rimant toujours avec rationalisation, on risque la suppression de centaines d’emplois, à un moment où le pays souffre déjà beaucoup. Avec ce rapprochement, il ne resterait plus qu’un seul acteur français sur la scène internationale. Perdre un champion mondial, c’est s’attaquer à notre influence dans le monde. Je défendrai toujours nos fleurons économiques, à l’image de Suez, dont le nom rappelle à chacun, sur tous les continents, notre grande histoire industrielle. Cette situation démontre aussi la fragilité de notre souveraineté économique. Le projet d’abandon des activités « eau » de Suez à un fonds d’investissement sans expérience fait courir un grave danger au traitement et à la distribution de l’eau.
J’assume mon patriotisme économique. Je demande la mise en place d’une loi de protection : une entreprise gérant des actifs stratégiques sur le territoire national, que l’Etat en soit actionnaire ou non, devrait par exemple avoir l’obligation de soumettre au gouvernement toute décision relative à l’évolution de son actionnariat ou de sa gouvernance. Quand une entreprise a l’honneur de conduire des activités essentielles pour les Français, elle a des devoirs envers eux. Je suis ancien ministre de l’Industrie, héritier de la pensée de De Gaulle et de Pompidou, et ce débat démontre pour moi l’urgence de revenir à un Etat stratège, qui porte une vision économique et industrielle, qui a des participations dans les domaines stratégiques, qui veille avant tout à nos intérêts et qui fait respecter notre souveraineté nationale par tous les moyens.
Wmaire (LR) de Nice (Alpes-Maritimes) et président délégué de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.