«40 milliards de dollars suffisent pour vacciner le monde entier »
l a beau être enfermé dans sa maison de Seattle depuis le début du confinement, Bill Gates continue d’observer de très près l’état de santé de notre planète. Le nouveau rapport de la fondation qui porte son nom et qu’il dirige avec sa femme Melinda jette à cet égard une lumière crue sur les immenses dégâts provoqués par la pandémie de Covid-19. Car, au-delà du bilan humain – le seuil d’un million de morts sera franchi avant la fin du mois –, c’est l’ensemble des progrès accomplis sous l’égide des Nations unies au cours des deux dernières décennies qui sont aujourd’hui menacés. Pour le milliardaire philanthrope, il est urgent de sonner la mobilisation générale des Etats : optimiste, le fondateur de Microsoft assure qu’on pourrait, en deux ans, non seulement mettre fin à la pandémie, mais aussi en supprimer les effets les plus néfastes. A condition de faire preuve de générosité et d’accélérer la mise au point et la distribution d’un vaccin à destination de tous, explique celui qui est devenu en quelques mois la cible de toutes les théories du complot.
IVotre fondation publie son rapport,
qui fait le point sur l’impact de la pandémie : dans de nombreux domaines, les progrès des dernières années semblent avoir été effacés… Bill Gates C’est vrai, nous avons pris du retard : après vingt ans d’avancées en matière de réduction de la pauvreté et d’amélioration de la santé, le Covid-19 a stoppé ces progrès dans leur élan, et ses effets sont catastrophiques. Le monde a régressé cette année sur presque tous les indicateurs : le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, par exemple, a augmenté de 7 %. Malheureusement, nous savons déjà que certains des effets économiques engendrés par la pandémie se feront sentir bien plus longtemps. Les pays en développement n’ont pu accroître leur capacité d’emprunt et se montrer aussi généreux avec leurs populations que les pays développés. C’est une des raisons pour lesquelles la montée du taux de pauvreté risque, hélas, de se poursuivre : la récession de l’économie mondiale nuit à ces pays, du fait du recul de leurs exportations ou de la baisse de la générosité en matière d’aide. Mais nous restons optimistes : nous espérons qu’à la même époque l’année prochaine, non seulement le vaccin sera disponible, mais
que l’on commencera à voir se dessiner un début de reprise, permettant de renouer avec le niveau de 2020.
Parmi les différents indicateurs que vous passez en revue, lesquels vous paraissent les plus inquiétants ?
Si on se concentre sur la mortalité, la baisse du taux de vaccination est probablement le plus spectaculaire. Au niveau mondial, il a chuté de 84 à 70 %, soit un recul de vingtcinq ans en vingt-cinq semaines ! Mais ce n’est qu’un signal inquiétant parmi d’autres. Les conséquences de la pandémie sont multiples et souvent difficiles à mesurer. Elles se traduisent aussi par un accroissement des troubles mentaux, par exemple, ou par des retards en matière d’éducation. Dans ce domaine, les enfants auront beaucoup de mal à rattraper le terrain perdu.
Et pourtant, vous pensez qu’on peut remonter rapidement la pente…
Oui, j’espère que d’ici à deux ans, en dehors des revers économiques déjà mentionnés, nous reviendrons au niveau où nous étions au début de l’année 2020 et que nous améliorerons à nouveau les indicateurs de développement durable fixés il y a cinq ans par les Nations unies. C’est possible, à trois conditions : il faut accélérer la mise à disposition du vaccin contre le virus, veiller à ce que nous le fabriquions en grande quantité et à faible coût, et enfin faire preuve de générosité pour que tout le monde y ait accès. Si nous y parvenons, nous verrons alors la pandémie commencer à reculer dès l’an prochain, ce qui nous laissera une chance, en deux ans, de revenir au point où nous en étions avant l’apparition du Covid-19.
Quand un vaccin sera-t-il disponible ? Donald Trump a évoqué la fin de l’année. La Chine et la Russie assurent elles aussi faire des progrès rapides. Ces promesses sont-elles crédibles ?
La première question que nous devons nous poser, c’est celle de la fiabilité des procédures de certification. Si vous pouvez vous référer à une même norme objective d’efficacité et de sécurité, alors vous créez un cadre favorable à l’élaboration du vaccin, et vous augmentez les chances de succès. Certains laboratoires chinois obtiennent des résultats intéressants, c’est vrai. J’ai plus de doute sur le projet russe, pour lequel nous disposons de très peu de données. Quoi qu’il en soit, il est peu probable qu’en Europe ou aux Etats-Unis des vaccins russe ou chinois soient préférés aux occidentaux, tant qu’ils ne seront pas soumis aux mêmes types d’essais ou de réglementation. Les choses avancent, en tout cas : aujourd’hui, quatre candidats se détachent : ceux développés par AstraZeneca, Johnson & Johnson, Sanofi et Novavax. S’ils tiennent leurs promesses, nous pensons qu’ils seront peu coûteux et pourront être fabriqués en masse. S’y ajoutent ceux de Pfizer et Moderna qui, malheureusement, seront sans doute plus chers et difficilement productibles à grande échelle. Selon moi, à moins d’une mauvaise surprise, il est très probable qu’au cours du premier trimestre 2021, la moitié d’entre eux, voire quatre ou cinq, se verront délivrer une autorisation d’utilisation d’urgence de la FDA, ce qui devrait donner aux gens la confiance nécessaire pour commencer à s’immuniser.
Etes-vous certain que, dans la course au remède que se livrent les nations, les pays pauvres ne seront pas oubliés ? C’est un vrai sujet de préoccupation. Ce serait non seulement inéquitable, car toutes les vies ont bien évidemment une valeur égale, mais, même d’un point de vue purement égoïste, ce serait une erreur, cette maladie, tant qu’elle existe, pouvant se propager dans n’importe quel pays. Nous devons donc en finir avec cette situation pour le monde entier, et, en ce sens, les avantages des mesures pour lesquelles nous plaidons seraient immenses. Il serait insensé de ne pas financer des vaccins pour le monde entier !
Vous souhaitez donc qu’ils soient gratuits pour les pays les plus pauvres ? Pensez aux bénéfices d’une vaccination généralisée : elle permettrait de se déconfiner, de relancer le tourisme, de rouvrir les écoles… En fait, les gains d’une telle mesure seraient si importants que l’effort supplémentaire de générosité demandé pour en assurer le financement va de soi : c’est la chose la plus rationnelle du monde. Et même s’il faut aller contracter des prêts, la valeur de ces engagements restera très raisonnable. Faites le calcul : à raison de deux doses par personne, à 3 dollars la dose, pour une population de 7 milliards de personnes, une quarantaine de milliards de dollars suffisent pour immuniser le monde entier ! Une somme à comparer aux milliers de milliards de dommages économiques provoqués par la pandémie, et qui continueront de s’aggraver tant que nous ne nous en débarrasserons pas. C’est pourquoi il faut encourager le versement d’une aide spéciale et gratuite pour tous les pays qui en ont besoin : ce serait la chose la plus juste et appropriée à faire.
Précisément, diriez-vous que les pays riches, en particulier les Etats-Unis, s’inscrivent dans cette démarche ?
Il faut distinguer trois phases dans la mise à disposition des vaccins. Tout d’abord, la séquence de R&D, incluant les essais. Dans cette partie-là, reconnaissons que le gouvernement américain a financé un grand nombre de laboratoires, bien plus généreusement d’ailleurs que tous les autres gouvernements réunis. C’est important, car cela permet à ces entreprises d’aller de l’avant dans la fabrication, sans perdre d’argent. La deuxième phase concerne la production manufacturière, et la troisième le financement des achats. Or, sur ces deux derniers volets, les Etats-Unis ont brillé par leur absence. On ne peut que constater un réel manque de leadership.
Avez-vous évoqué ces sujets avec le président Trump ?
Je ne lui ai pas parlé directement, non. Mais j’ai des contacts réguliers avec des membres de son administration. La bonne nouvelle, c’est que, même si le président Trump a rompu avec l’OMS, les financements américains peuvent irriguer d’autres canaux, comme le Fonds mondial spécialisé dans les diagnostics et les traitements, ou l’Alliance du vaccin, la Gavi. Je regrette toutefois que nous ayons perdu de vue les bienfaits du multilatéralisme. On ne peut pas résoudre une pandémie mondiale sans partager l’innovation, les données à l’échelle planétaire. Je veux croire qu’il y aura un changement, et qu’un jour cette vision globale prévaudra à nouveau aux Etats-Unis !
L’élection présidentielle a lieu dans moins de deux mois. Si Joe Biden gagne,
vous attendez-vous à un changement profond de la politique américaine ? Mon espoir est qu’avant même l’élection, le Congrès s’accorde sur un nouveau plan d’aide et débloque des fonds pour une réponse internationale. Malgré les réticences de l’exécutif, c’est le Congrès qui a veillé à ce que le Fonds mondial et la Gavi continuent à bénéficier des financements américains. C’est une bonne chose et, à la faveur d’un nouveau projet de loi, je n’exclus pas que nous puissions obtenir de l’argent supplémentaire pour les vaccins dans les prochains mois. Si Joe Biden devient président, je pense que des décisions en ce sens seront prises très très rapidement. Sur la scène internationale, il est impératif que les Etats-Unis jouent à nouveau le rôle qui était le leur, en commençant par reprendre leur place au sein de l’OMS.
Les mouvements antivaccins sont de plus en plus virulents. Craignez-vous que cela conduise une partie de la population à refuser de se faire inoculer ?
Si le futur vaccin est très efficace, la pandémie peut être éradiquée sans qu’il soit nécessaire de l’inoculer à 100 % de la population. L’enjeu est de convaincre, partout dans le monde, environ 60 % des gens. Avec un peu de recul, lorsque chacun pourra constater que seuls ceux qui sont immunisés restent en bonne santé, je veux croire que nous finirons par convertir les sceptiques. Je l’espère en tout cas. Nous ne devons pas laisser les fausses théories de conspiration prospérer. Non seulement elles nuisent à la lutte contre le coronavirus, mais elles finissent aussi par saper le consensus sur la nécessité de se faire vacciner. C’est pourtant bien cette forme d’immunisation qui nous a permis de réduire de moitié la mortalité infantile ces vingt dernières années ! Nous comptons continuer, et la diminuer encore de moitié. C’est la raison d’être de notre fondation.
Après le Covid-19, pensez-vous que nous serons mieux préparés pour la prochaine crise ?
Nous avons beaucoup appris. Chacun a su innover pour répondre au Covid-19 aussi efficacement que possible. La R&D progresse plus vite que jamais. Les organisations de santé mondiale forgent de nouveaux partenariats. Chaque jour, les travailleurs de première ligne s’adaptent, adoptent de nouveaux protocoles de sécurité. Mais une fois ce sentiment d’urgence passé, continuerons-nous à travailler et à réfléchir ensemble, pour acquérir les bons réflexes, bâtir les infrastructures qui permettront de mieux nous préparer aux épidémies, de mieux y répondre ? C’est tout l’enjeu, et cela implique des changements de comportements importants, un renforcement des systèmes de santé dans les pays les moins favorisés pour qu’ils puissent effectuer le travail quotidien de prévention et de traitement. Dans le monde entier, cela signifiera investir dans la détection de pointe des maladies et dans la capacité à rechercher, développer et fabriquer des milliards de doses de traitements et de vaccins sûrs et efficaces. Cela coûtera cher, et nécessitera une approche collective. Il faudra dépenser des milliards de dollars dans tous les secteurs pour se préparer à la prochaine pandémie. Mais nous savons désormais quel serait le prix de l’inaction. ✷
Répartition des dépenses de la Fondation (sur les vingt dernières années)
Aide au développement
« Il s’agit de créer un acheteur de taille très importante, pour avoir un pouvoir de négociation et un accès à un large portefeuille de vaccins », insiste-t-elle. Fin d’août, 172 Etats ont fait part de leur intérêt, qu’ils doivent confirmer d’ici au 18 septembre.
L’espoir initial était de rassembler la planète entière. Sauf que plusieurs poids lourds ont déjà dit non. Donald Trump, bien sûr, tout à sa vendetta anti-OMS, ainsi que la Russie. La Chine reste mystérieuse sur ses intentions, mais semble privilégier les accords bilatéraux pour distribuer ses futurs vaccins. Plus fâcheux, l’UE ellemême ne participera pas, ou à la marge : si elle multiplie les discours de soutien au Covax et compte lui verser 400 millions d’euros, elle a déjà dit qu’elle se débrouillerait seule pour ses approvisionnements. « C’est une question de timing, analyse Marie-Paule Kieny, présidente du comité Vaccin Covid-19. Les Etats membres sont très avancés dans leurs discussions avec les laboratoires : serait-il utile de revenir en arrière pour participer à une centrale d’achats ? Il n’y a pas vraiment d’argument, à moins qu’aucun des vaccins pour lesquels nous avons des accords ne fonctionne. »
L’absence de ces acteurs est un problème crucial. Si le Covax se retrouve en concurrence avec les Etats-Unis ou l’Europe auprès d’un producteur, y aura-t-il une surenchère sur les prix ? Les moyens indispensables à la réussite du dispositif, évalués à 18 milliards de dollars, se trouveront-ils au rendez-vous ? Et surtout, où trouvera-t-il les 2 milliards de doses que ses experts espèrent obtenir d’ici à la fin de 2021 ? « Je suis prudemment optimiste. Tout dépendra des produits qui arriveront : si les vaccins à ARN, plus faciles à produire à grande échelle, échouent, ce sera plus compliqué », répond Thomas Cueni, de l’IFPMA.
Mais les producteurs n’ont pas d’obligation de vendre au Covax, à l’exception de quatre d’entre eux, (parmi les neuf à avoir touché des subventions de la Cepi pour leur développement). « Nos accords prévoient que nous réservions des capacités de production supplémentaires auprès de sous-traitants pour faire fabriquer des doses pour notre compte, au-delà de ce que les industriels eux-mêmes produiront », précise Rachel Grant, la porte-parole de la Cepi. Mais le cas du produit développé par les chercheurs d’Oxford avec AstraZeneca s’avère peu encourageant : les doses qui iraient au Covax ne représenteraient que 12 % du volume, selon un récent rapport du Global Health Center. « Et j’ai le sentiment qu’il s’agit d’un accord favorable, car l’équipe d’Oxford était très attachée aux questions d’accès », relève Suerie Moon. La tâche s’annonce donc difficile, même si la Gavi assure avoir déjà lancé des négociations avec d’autres laboratoires.
« Nous espérons aussi que les pays ayant déjà réservé des doses en reversent une partie au Covax », ajoute Rachel Grant. Certains ont en effet passé des contrats excédant largement les besoins de leur population – jusqu’à cinq doses par personne pour le Royaume-Uni ! Tout l’enjeu consiste donc à inciter les pays à respecter le plan de
Petit pull en cachemire rose et pantalon noir, Bill Gates s’avance sur la scène de la Ted Talk de Vancouver, au Canada. Ce 18 mars 2015, le milliardaire est venu parler d’un sujet qu’il connaît par coeur : le risque épidémique. « Si, dans les dix prochaines années, un événement tue plus de 10 millions d’êtres humains, ce ne sera pas une attaque nucléaire, mais un virus. » Puis le fondateur de Microsoft décrit avec précision le scénario catastrophe qu’il redoute le plus : un virus extrêmement contagieux qui se transmettrait par voie orale et se propagerait avant même que son porteur ne développe des symptômes. vaccination proposé par l’OMS, pour qui l’urgence serait de couvrir d’abord les soignants et les personnes fragiles, soit environ 20 % de la population mondiale. Mais ces préconisations n’ont rien de contraignant. Si Donald Trump persiste à vouloir vacciner tous ses concitoyens, personne ne pourra l’en empêcher. Et d’autres dirigeants pourraient même l’imiter… ✷ (1) Etude de la Cepi, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies
(2) Gavi (Global Alliance for Vaccines and Immunization) est un organisme public-privé pour l’accès aux vaccins
Cinq ans plus tard, le cauchemar de Bill Gates est devenu réalité, et sa prestation, enregistrée lors de cette série de conférences, bat des records de vues sur la Toile. Mais les dizaines de millions d’internautes ne viennent pas tous reconnaître l’esprit visionnaire du milliardaire, bien au contraire. La vidéo tourne avant tout sur des groupes Facebook complotistes, qui y voient la preuve que Bill Gates a lui-même imaginé et planifié la pandémie de Covid-19. Une théorie se répand : le vaccin qu’il aide à développer lui permettra de contrôler nos cerveaux grâce à la technologie 5G et à des micropuces
implantées sous la peau. Cette thèse, fondée sur du vent, paraît délirante. Pourtant, d’après une étude YouGov parue fin mai, 1 Américain sur 4 y croit. Soit plus de 80 millions de personnes.
La pandémie a propulsé Bill Gates tout en haut des cibles des théories du complot. Sa fondation est aussi accusée, notamment, d’avoir tué des milliers d’enfants africains en testant le vaccin contre le coronavirus, d’être de mèche avec le Parti communiste chinois pour réduire la population mondiale ou encore de travailler avec la CIA à un contrôle mental de masse. « La base des théories du complot est d’imaginer de petits groupes de gens riches et puissants qui s’organisent en secret pour régner sur le monde, explique Joseph Uscinski, professeur à l’université de Miami et auteur d’American Conspiracy Theories (Oxford University Press, 2014, non traduit). Bill Gates est très riche, très puissant, et son travail sur la santé publique l’a projeté au premier plan pendant cette pandémie. Ceux qui rejettent les élites et les mesures prises contre le Covid-19 le voient comme l’ennemi idéal. »
A l’inverse d’autres milliardaires comme Jeff Bezos ou Warren Buffett, le fondateur de Microsoft parle aux médias, ce qui l’expose aux complotistes. « La pandémie est un événement tellement complexe et mondialisé qu’il est facile de penser qu’elle est le résultat d’une conspiration, indique Joseph Uscinski. Vous n’y comprenez rien, et là, vous tombez sur Bill Gates à la télévision, qui parle d’un vaccin et de millions de morts. Certains vont imaginer un lien, et leur instinct va être confirmé par une campagne de désinformation orchestrée par des groupes extrêmes. »
D’autant que le nom de Bill Gates circule depuis longtemps dans l’univers conspirationniste. « L’objectif même de sa fondation, lutter contre les maladies partout dans le monde grâce à des vaccins, constitue un nid à complots, souligne Kevin Grisham, spécialiste des mouvements extrémistes à l’université d’Etat de Californie. Au début des années 2000, le Moyen-Orient et l’Afrique bruissaient déjà de rumeurs trompeuses sur le milliardaire et ses vaccins. La différence, c’est qu’aujourd’hui l’Occident aussi est touché. » Et les dégâts pourraient être conséquents.
Car derrière ces théories visant Bill Gates se cachent en réalité des attaques en règle contre la vaccination. Les militants antivaccins, très actifs aux Etats-Unis, ont profité de la pandémie et de la figure de l’homme d’affaires pour répandre leur propagande. Et leur stratégie fonctionne : selon Gallup, si un vaccin efficace contre le Covid-19 était disponible aujourd’hui, 1 Américain sur 3 refuserait qu’on le lui administre. « C’est le risque majeur de ce phénomène anti-Gates, déplore Kevin Grisham. Si les gens refusent d’être vaccinés, alors nous ne pourrons jamais arrêter la pandémie. » Et cette fois les millions de morts ne seront plus à ranger dans la catégorie des théories du complot. ✷
Allemagne - 7,8 %
Arabie saoudite - 6,8 %
Afrique subsaharienne - 3,2 %
Un grand bond en arrière : quels que soient les paramètres retenus, c'est ce qui ressort du rapport de la Fondation
Bill & Melinda Gates, centré cette année sur les effets induits de l'épidémie de
Covid-19. Par ricochet, la pandémie se traduit dans les pays les plus pauvres de la planète par un recul généralisé en matière d'éducation, de niveau de vie, mais aussi sur le front de la lutte contre le sida, la polio ou le paludisme. Une formule choc résume le caractère alarmant de la situation : sur le plan de la couverture vaccinale, les progrès réalisés ces 25 dernières années ont été anéantis en 25 semaines.
Brésil - 9,1 %
Amérique latine
- 9,4 %
Royaume-Uni - 10,2 %
France
- 12,5 %
Italie
- 12,8 %
Espagne - 12,8 %
Zone euro - 10,2 %
Afrique du Sud -8%