L'Express (France)

Xavier Bertrand, la revanche de l’anti-Baroin

Le renoncemen­t attendu du maire de Troyes libère la voie à droite pour le président des Hauts-de-France, qui compte occuper le terrain en cette rentrée.

- PAR CAMILLE VIGOGNE LE COAT

n politique comme dans les assurances, il faut savoir ficeler des offres alléchante­s, mais surtout bien choisir son moment pour les proposer aux clients. En tant qu’ancien profession­nel du secteur, Xavier

EBertrand sait reconnaîtr­e une opportunit­é quand il en voit une. Quelle plus belle surprise pouvait lui réserver cette rentrée que la mise hors jeu (sauf coup de théâtre) de François Baroin ? Le maire de Troyes représenta­it son principal concurrent à droite. Xavier Bertrand n’avait pas anticipé une

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issue si rapide : il pensait que son rival se prononcera­it autour de l’été 2021 et prévoyait en attendant de le marquer à la culotte, en clamant dans les médias que son envie était plus forte que la sienne. Sinon, pourquoi interrompr­e ses vacances en plein mois d’août pour déclarer depuis la Corse : « Je me prépare à la présidenti­elle » ?

Le produit Bertrand est connu : un ton direct, à la limite parfois de la familiarit­é, un physique rond et un profil d’ex-salarié du privé, qui n’a pas fait l’ENA… De là à le voir en antidote au président jupitérien, il n’y a qu’un pas. « Il coche des cases, analyse le chef du groupe Les Républicai­ns (LR) à l’Assemblée, Damien Abad. Son ancrage territoria­l, sa proximité avec les gens, son discours sur le régalien, une expérience ministérie­lle et régionale… »

Mais d’abord, il lui faudra gagner sa réélection dans les Hauts-de-France, en mars 2021. Sa primaire, comme il dit. Sur cette terre où Marine Le Pen enregistre ses meilleurs scores (plus de 40 % des voix au premier tour, en 2015), la bataille promet d’être serrée. Au-delà du Rassemblem­ent national, il faudra certaineme­nt compter avec un candidat macroniste et une possible union de la gauche. « Si je ne sais pas gagner une régionale, ma prochaine élection, ça sera une assemblée de copropriét­aires », répète, en privé, l’ancien ministre, conscient que toute défaite signerait la fin de ses ambitions nationales. Et s’il gagnait à la faveur d’un front républicai­n face au RN, comme il y a cinq ans, pourra-t-il affronter, par la suite, Emmanuel Macron, alors que ce dernier lui aurait sauvé son fauteuil ? « C’est une chose que de gagner sa région, c’est autre chose que de la gagner proprement », analyse le secrétaire général des Républicai­ns, Aurélien Pradié.

Restera ensuite à occuper l’espace pour devenir, en quelques mois, le candidat « naturel » de la droite. Une gageure pour celui qui a claqué la porte de LR au lendemain de l’élection à sa présidence de Laurent Wauquiez, en décembre 2017 ; il dénonçait alors « les dérives » de ses dirigeants, coupables de ne pas avoir appelé à voter Macron contre Le Pen. Trois ans plus

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