Twitter dans le piège des tendances
Elles font et défont l’actualité de la journée au fur et à mesure de leur évolution. Les tendances Twitter, matérialisées par une liste des sujets les plus discutés, sont suivies par les journalistes du monde entier. Dix mots-clefs qui varient d’un pays à l’autre, susceptibles d’influencer les choix éditoriaux de nombreuses rédactions, voire de bouleverser les esprits. #MeToo, ou encore #JeSuisCharlie figurent parmi les plus illustres. Hélas, on peut manipuler ces tendances. En mai 2020, #sijetaitunjuif (sic), alimenté par des messages antisémites, était propulsé en tête, profitant d’une inconcevable mise en lumière pendant plusieurs heures. L’action fut coordonnée par une petite dizaine d’anonymes. Après plusieurs posts provocateurs destinés à amorcer la machine, des centaines de commentaires outrés – mais reprenant le mot-clef – ont permis à ce triste terme de devenir l’un des sujets les plus débattus du jour.
Personne ne connaît précisément le fonctionnement de cette liste, pourtant si influente. Face à leur immense responsabilité, les réseaux sociaux ne sauraient éternellement se cacher derrière leurs imparfaits algorithmes, qu’eux-mêmes n’arrivent parfois plus à suivre.
Sur Twitter, les tendances doivent être perçues pour ce qu’elles sont : un choix éditorial que la firme préfère déléguer à des robots. Ces derniers peuvent s’avérer perspicaces, comme on l’a vu avec #PortesOuvertes, qui, le 13 novembre 2015, aidait les victimes directes ou indirectes des attentats à trouver un toit au coeur de Paris. Mais ils ne semblent pas encore près de remplacer un rédacteur en chef. ✷