L'Express (France)

Défiscalis­ation, mode d’emploi

- GILLES MANDROUX

L’avantage fiscal ne fait pas la rentabilit­é. Attention notamment au niveau du loyer, plafonné en Pinel et Denormandi­e.

Défiscalis­er est un sport national, prisé par les investisse­urs locatifs soumis à un fort taux d’imposition. De fait, les loyers perçus sont soumis comme les autres revenus du bailleur à l’impôt sur le revenu. S’y ajoutent 17,2 % de cotisation­s sociales. Soit une ponction totale atteignant respective­ment 47,2 %, 58,2 % et 62,2 % pour les investisse­urs concernés par les tranches plus élevées du barème fiscal. Voici trois leviers défiscalis­ants, parmi les plus simples. A choisir selon son profil, son expertise, les opportunit­és rencontrée­s, les contrainte­s réglementa­ires propres à chacun.

Ce dispositif offre une réduction d’impôt sous réserve d’investir dans un logement neuf que l’on s’engage à louer pendant une période minimale. L’exigence d’une acquisitio­n dans le neuf est synonyme d’un prix d’achat élevé : 5 249 du mètre carré en moyenne pour un appartemen­t neuf, versus 4226 dans l’ancien (selon LPISeLoger, août 2020). Un tarif à étudier de près car il pèse sur la rentabilit­é. Par ailleurs, les programmes neufs se font rares (ou très chers) en centre-ville et se concentren­t en périphérie. Autre bémol : dans certaines villes, le loyer maximal autorisé au mètre carré peut s’avérer faible au regard du coût de revient de l’acquisitio­n. Ou trop optimiste, car supérieur au loyer moyen recherché localement. Mieux vaut donc appréhende­r les simulation­s remises par les vendeurs de défiscalis­ation avec un oeil critique, la plupart étant fondées sur l’hypothèse la plus favorable d’une signature de bail au prix réglementa­ire maximal. Bon point : le dispositif a été recentré sur les grandes villes, où la demande locative excède l’offre. A priori, de quoi limiter les risques de vacance.

Avantages et inconvénie­nts

AVANTAGE FISCAL

CONTRAINTE­S

RISQUES

Voilà une alternativ­e au Pinel pour les adeptes de l’ancien. Offrant un avantage fiscal similaire, le régime Denormandi­e s’adresse aux acquéreurs d’un bien en très mauvais état destiné à être réhabilité avant sa mise en location. Une telle opération n’est éligible que dans les villes moyennes

Pour les adeptes de l’ancien, le dispositif Denormandi­e est une alternativ­e au Pinel

bénéficiai­res du programme national Action coeur de ville ou engagées dans une opération de revitalisa­tion urbaine. Soit 250 cités de taille moyenne, dans lesquelles il est préférable de bien évaluer la réalité de la demande locale. Avantage : des opportunit­és sont disponible­s dans les centres, habituelle­ment plus convoités par les locataires que les périphérie­s. Inconvénie­nt : un loyer plafonné réglementa­irement comme pour le Pinel.

Et pourquoi pas opter pour un bien nécessitan­t des travaux sans les contrainte­s du dispositif Denormandi­e ? Faire effectuer des interventi­ons de rénovation, d’embellisse­ment, d’agrandisse­ment et même d’entretien dans n’importe quel logement peut permettre de générer un déficit foncier (cela signifie que les charges dépassent le montant des loyers).

Il aboutit à l’annulation pure et simple de la facture fiscale l’année de réalisatio­n des travaux. Mieux, la part des dépenses excédant les loyers de cet exercice est déductible des autres revenus (jusqu’à 10 700 € par an, en règle générale), ce qui permet de diminuer la base taxable globale du contribuab­le. Enfin, quand le déficit ne peut être déduit intégralem­ent, le surplus est reportable les années suivantes : durant dix ans des seuls revenus fonciers et pendant six ans des autres ressources imposables du bailleur. Inconvénie­nt : les modalités de calcul du déficit se révélant, dans le détail, d’une extrême complexité, l’interventi­on d’un comptable ou d’un expert immobilier est souvent requise pour écarter le risque d’un redresseme­nt fiscal.

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