L'Express (France)

Ski : doit-on rouvrir les remontées mécaniques ?

Espérée pour le 7 janvier prochain, la remise en service des télésièges et des télécabine­s divise toujours élus locaux et profession­nels de santé.

- PAR ÉRIC FOURNIER

OUI / « ON EST PASSÉ DU RISQUE SANITAIRE À LA CASSE SOCIALE »

Cette crise est longue pour nous, et c’est vrai que l’on commence à sentir ses effets pervers. En fermant les remontées mécaniques, on a amputé notre activité de 80 % par rapport à l’année dernière. A Chamonix, nous avons une dimension familiale importante, et Noël représente 30 % du chiffre d’affaires annuel. Rien que sur la commune, 80 % des habitants vivent de la montagne. Et c’est sans compter les saisonnier­s. A ce jour, 2 000 personnes n’ont pas le contrat sur lequel elles comptent chaque hiver. A cause de cette décision prise sans grande concertati­on avec les élus locaux, nous enregistro­ns une recrudesce­nce des demandes d’aides sociales – le double des chiffres habituels. Le risque social est réel. L’hiver s’annonce compliqué, alors que même si nous nous étions fixé une limite à 50 % de nos capacités de fréquentat­ion, nous étions capables de tourner économique­ment.

Sur le plan sanitaire, nous avions des solutions à proposer pour limiter l’accès aux domaines skiables et le réguler. Nous aurions pu, par exemple, réduire les jauges à la moitié de la capacité, sur les remontées mécaniques, mais aussi sur tout le domaine. Au plus fort de l’hiver, nous accueillon­s près de 15 000 personnes sur des hectares et des hectares de pistes. La distanciat­ion physique est naturelle. Nous proposions aussi que l’on monte par famille ou même un par un, avec des files dédiées et rallongées sur les parkings, comme cela se fait aux Etats-Unis. Nous aurions pu également faire en sorte de ne vendre que des forfaits demi-journée pour que chacun puisse bénéficier d’un « créneau montagne ». Je ne suis pas favorable à ce qui a été fait en Suisse, notamment à Verbier, où ils ont une approche très libérale, ouvrant à tout-va. Mais on pouvait maîtriser et équilibrer notre offre.

Au lieu de quoi on voit déjà arriver des phénomènes de report d’activité, notamment vers le ski de randonnée. Or c’est un sport très particulie­r. Depuis quelques jours, on observe un public non préparé à se lancer à l’assaut des sommets. Fermer les espaces régulés des pistes, c’est, d’une certaine manière, encourager les pratiques à risque. Et cela inquiète déjà les pelotons de gendarmeri­e de haute montagne.

Eric Fournier, maire de Chamonix et président de la communauté de communes de la vallée de Chamonix-Mont-Blanc.

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