L'Express (France)

Israël - Emirats arabes unis Diplomatie Football Club

En plein rapprochem­ent israélo-arabe, la famille princière d’Abou Dhabi vient d’acquérir la moitié du capital du Beitar Jérusalem FC. Grondement­s dans les tribunes.

- STÉPHANE AMAR (TEL-AVIV)

« Ils ne voulaient pas de joueurs arabes, ils vont avoir un patron arabe ! » Cette blague qui circule sur les réseaux sociaux israéliens s’adresse aux supporters du Beitar Jérusalem Football Club et, plus particuliè­rement, aux ultras de la trop célèbre Familia, qui affichent une xénophobie décomplexé­e et s’opposent au recrutemen­t de talents non juifs au sein de leur équipe. Dans les tribunes, ils entonnent régulièrem­ent des chants racistes visant notamment le « club arabe » de Sakhnin, en Galilée, un autre poids lourd du ballon rond israélien.

Or, le 9 décembre, le Beitar Jérusalem FC a annoncé l’entrée à son capital du cheikh Hamad bin Khalifa al-Nahyan. Ce milliardai­re émirien a investi 300 millions de shekels

(75 millions d’euros) dans l’acquisitio­n de la moitié des parts du club.

Une aubaine pour la formation en difficulté financière, classée 12e sur 14 au championna­t national. Devant la presse israélienn­e, ce membre de la famille princière d’Abou Dhabi a rendu hommage au « club glorieux » et, surtout, fait référence à Jérusalem comme capitale d’Israël – ce que contestent de nombreux pays arabes.

L’opération financière s’inscrit dans le contexte du rapprochem­ent diplomatiq­ue – entrepris ces derniers mois, sous l’égide de Donald Trump – entre l’Etat hébreu et plusieurs pays musulmans. A l’automne, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan ont normalisé leurs relations avec Israël, suivis par le Maroc le 10 décembre. Ce quatuor s’ajoute à l’Egypte et à la Jordanie, qui ont respective­ment signé des accords de paix avec Israël en 1979 et en 1994. A Jérusalem, les enragés de la Familia ne décolèrent pas.

Des tags sont apparus sur les murs du stade Teddy-Kollek : « Pas de keffieh à Teddy », ou encore « Les dirigeants ne comprennen­t rien au Beitar ». « Nous devons agir pour montrer que les musulmans et les juifs peuvent sans crainte faire de belles choses ensemble », a déclaré de son côté Moshé Hogeg, le dirigeant du club, auquel le président israélien, Reuven Rivlin, avait remis un prix en 2017 pour récompense­r son action contre le racisme.

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Les supporters du Beitar Jérusalem Football Club, le 11 décembre.

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