Israël - Emirats arabes unis Diplomatie Football Club
En plein rapprochement israélo-arabe, la famille princière d’Abou Dhabi vient d’acquérir la moitié du capital du Beitar Jérusalem FC. Grondements dans les tribunes.
« Ils ne voulaient pas de joueurs arabes, ils vont avoir un patron arabe ! » Cette blague qui circule sur les réseaux sociaux israéliens s’adresse aux supporters du Beitar Jérusalem Football Club et, plus particulièrement, aux ultras de la trop célèbre Familia, qui affichent une xénophobie décomplexée et s’opposent au recrutement de talents non juifs au sein de leur équipe. Dans les tribunes, ils entonnent régulièrement des chants racistes visant notamment le « club arabe » de Sakhnin, en Galilée, un autre poids lourd du ballon rond israélien.
Or, le 9 décembre, le Beitar Jérusalem FC a annoncé l’entrée à son capital du cheikh Hamad bin Khalifa al-Nahyan. Ce milliardaire émirien a investi 300 millions de shekels
(75 millions d’euros) dans l’acquisition de la moitié des parts du club.
Une aubaine pour la formation en difficulté financière, classée 12e sur 14 au championnat national. Devant la presse israélienne, ce membre de la famille princière d’Abou Dhabi a rendu hommage au « club glorieux » et, surtout, fait référence à Jérusalem comme capitale d’Israël – ce que contestent de nombreux pays arabes.
L’opération financière s’inscrit dans le contexte du rapprochement diplomatique – entrepris ces derniers mois, sous l’égide de Donald Trump – entre l’Etat hébreu et plusieurs pays musulmans. A l’automne, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan ont normalisé leurs relations avec Israël, suivis par le Maroc le 10 décembre. Ce quatuor s’ajoute à l’Egypte et à la Jordanie, qui ont respectivement signé des accords de paix avec Israël en 1979 et en 1994. A Jérusalem, les enragés de la Familia ne décolèrent pas.
Des tags sont apparus sur les murs du stade Teddy-Kollek : « Pas de keffieh à Teddy », ou encore « Les dirigeants ne comprennent rien au Beitar ». « Nous devons agir pour montrer que les musulmans et les juifs peuvent sans crainte faire de belles choses ensemble », a déclaré de son côté Moshé Hogeg, le dirigeant du club, auquel le président israélien, Reuven Rivlin, avait remis un prix en 2017 pour récompenser son action contre le racisme.