L'Express (France)

LA NUIT DU 5-7

- LOUIS-HENRI DE LA ROCHEFOUCA­ULD

PAR JEAN-PIERRE MONTAL. SÉGUIER, 252 P., 20 €.

C’est un incendie qui avait fait encore plus de victimes que celui du Bazar de la charité : dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1970, en plein weekend de la Toussaint, un feu se déclare au 5-7, une boîte de nuit sise à Saint-Laurent-du-Pont, en Isère. Les deux issues de secours ont été condamnées par les propriétai­res et les tourniquet­s ne fonctionne­nt que dans un sens : pris dans la panique générale, 146 noctambule­s meurent brûlés ou asphyxiés. Le temps d’une semaine, l’accident suscite une immense émotion en France, jusqu’à ce que la mort du général de Gaulle ne l’éclipse. On se souvient de la Une de Hara-Kiri : « Bal tragique à Colombey – 1 mort ».

Cinquante ans plus tard, Jean-Pierre Montal n’a pas oublié. Dans La Nuit du 5-7, il imagine un jeune homme, Michel Mancielli, qui aurait dû y jouer ce soir-là. Il est guitariste des Storm, le groupe de rock programmé ce 31 octobre. En le virant juste avant le concert, ses collègues lui ont sauvé la peau. Eux ont disparu, pas lui. Les cendres à peine refroidies, Mancielli mène sa contre-enquête. La rumeur parle d’un attentat. On se demande si le Service d’action civique, le SAC, n’est pas derrière tout ça. Le musicien aimerait surtout savoir si Catherine, son amour de jeunesse, a péri dans les flammes. Il était parti tenter sa chance à Paris, son retour dans sa région d’origine est des plus mélancoliq­ues. Entre deux rêveries, il se souvient que Stendhal était de Grenoble, à 30 bornes de Saint-Laurent-du-Pont. Si le 5-7 avait existé en 1799, l’y aurait-on vu danser avant qu’il ne fuie sa province pour la capitale ? Pour Mancielli, l’humeur n’est plus à la frivolité. Après le rouge des flammes vient le noir du deuil et des regrets éternels.

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