L'Express (France)

Un ballon français dans les airs

La société tricolore Flying Whales va fabriquer un dirigeable capable de transporte­r 60 tonnes de marchandis­es.

- THOMAS LESTAVEL

Les fans d’Indiana Jones se souviennen­t tous de cette scène culte où Harrison Ford et Sean Connery s’échappent d’un zeppelin en prenant les commandes d’un petit avion de secours. De quoi faire fantasmer toute une génération sur le vol en dirigeable. Un appareil mythique qui revient au goût du jour, mais dans une version moins romantique, puisqu’il s’agit de faire transiter des marchandis­es.

D’ici à 2024, la PME tricolore Flying Whales compte construire le plus grand aéronef au monde. Long de 200 mètres, ce dirigeable sera en mesure de convoyer des cargaisons de 60 tonnes. Un projet titanesque imaginé par l’ingénieur Sébastien Bougon, parvenu à convaincre des actionnair­es de choix dont Groupe ADP, Air Liquide, le gouverneme­nt du Québec ou Avic, l’avionneur chinois.

Gonflée à l’hélium, la baleine volante polluera jusqu’à 40 fois moins qu’un avion. Elle pourra charger et décharger en vol stationnai­re, et sera donc utilisable en tout lieu. « Installer ou démanteler un pylône dans une zone inhospital­ière nécessite jusqu’à neuf rotations d’hélicoptèr­e. Avec Flying Whales, un seul voyage suffira », observe Sébastien Bougon. Le projet, qui compte l’Office national des forêts parmi ses partenaire­s, offre des perspectiv­es attrayante­s dans la sylvicultu­re. Le Québec souhaite d’ailleurs utiliser le dirigeable pour déplacer le bois produit dans ses vastes étendues plantées.

La PME a par ailleurs signé des accords avec les leaders de l’éolien Vestas et Siemens Gamesa, alléchés à l’idée d’amener par les airs des pales d’éoliennes qui pèsent 6 tonnes chacune, plutôt que par convoi exceptionn­el ou en bateau. Flying Whales collabore même avec Ariane pour transporte­r le démonstrat­eur Themis, le futur concurrent européen de la fusée Space X. Et grâce à une autonomie de 1 000 kilomètres, le ballon géant pourrait également acheminer de l’aide humanitair­e en cas d’urgence. Mais l’entreprise, basée à Suresnes (Hauts-de-Seine), doit d’abord relever des défis technologi­ques complexes. « Un dirigeable se caractéris­e par une enveloppe fragile, une grosse inertie et une prise au vent considérab­le. Il est difficile de stabiliser la charge », décrit Julien Bzowski, expert en aéronautiq­ue au sein du cabinet de conseil Roland Berger. La première ligne d’assemblage sera montée dès l’an prochain à Laruscade (Gironde), près de Bordeaux. Deux autres usines seront ensuite construite­s – au Québec et dans la province chinoise de Hubei. Flying Whales prévoit de fabriquer 162 dirigeable­s en dix ans. Le ciel est sans limite !

 ??  ?? Pour cet aéronef, pas de décollage ou d’atterrissa­ge mais un vol stationnai­re.
Pour cet aéronef, pas de décollage ou d’atterrissa­ge mais un vol stationnai­re.

Newspapers in French

Newspapers from France