L'Express (France)

Le vélo cargo, nouveau véhicule familial

D’étonnants engins ont pris d’assaut les pistes cyclables. ils permettent de transporte­r de deux à six enfants.

- PAR CAROLINE LUMET

Son triporteur, Juliana Degiacomi en parle comme d’une histoire d’amour : « J’ai eu un vrai coup de foudre, je me sens en confiance avec lui. » Au point d’oser les déplacemen­ts quotidiens sur les pavés de Montpellie­r, les virées à la mer et même, avant Noël, le trajet pour l’achat du sapin. « Sur le retour, je n’ai jamais vu autant de sourires sur les visages. Il faut dire qu’on offrait un sacré spectacle : un sapin immense, deux enfants et leurs doudous XXL dans une caisse de triporteur. C’est un souvenir marquant ! » C’est lors d’un changement dans sa vie profession­nelle que Juliana a pris la décision d’abandonner la voiture. Au printemps dernier, elle trouve un studio pour accueillir son agence de contenus. Fini, le télétravai­l ! Les déplacemen­ts de cette mère de famille hyperactiv­e s’annoncent plus chronométr­és que jamais. « Continuer en voiture était impossible : trop de bouchons, pas assez de places de stationnem­ent. J’avais pensé au vélo mais avec deux enfants, c’est compliqué… Le triporteur était la solution rêvée. C’est un investisse­ment [NDLR : de 1 800 à plus de 5 000 euros] mais c’est plus stable, plus sécurisant. Les enfants sont à l’abri. Je ne regrette rien, je gagne tellement de temps… » C’est aussi pour mieux organiser ses journées que Marie Guézelle a décidé de s’offrir un Babboe. Mais pas pour optimiser son agenda. « Il faut arrêter ces vies en accéléré : je voulais prendre mon temps même dans mes déplacemen­ts », explique la Bretonne, qui rentre d’un tour d’Europe d’un an avec sa famille. « J’ai découvert les vélos cargos pendant notre voyage : en Suède, au Danemark, aux Pays-Bas, il n’y a que ça. J’ai été séduite. C’est aussi une action, à petite échelle, pour la transition écologique. » Ce mode de déplacemen­t en vogue dans les pays scandinave­s progresse partout sur notre continent. Selon une enquête réalisée en mai 2020 auprès des 38 fabricants européens, les ventes ont bondi de 60 % en 2019 par rapport à l’année précédente. La tendance serait encore à la hausse pour 2020. Et la France apparaît dans le peloton de tête. Serait-ce les prémices d’un début de transition vers les mobilités douces? Pour Robin Paradis, président de l’associatio­n Paris Cargo Bikes, « cela ne fait aucun doute ». Depuis dix ans, il observe l’essor de ce nouveau mode de transport, « d’abord timide » : « Il y a eu un gros coup d’accélérate­ur depuis deux ans », détaille-t-il. Un phénomène qu’il lie à deux tendances : « Les aides de l’Etat pour l’acquisitio­n de vélos et de vélos cargo à assistance électrique. Mais aussi l’impulsion des “vélotaffeu­rs” qui, devenus parents, ne veulent pas abandonner leur mode de déplacemen­t. Qu’il ait deux ou trois roues, une caisse ou un arrière rallongé, le vélo cargo participe à un changement de vie auquel on ne peut plus renoncer une fois qu’on y a goûté. »

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