Le vélo cargo, nouveau véhicule familial
D’étonnants engins ont pris d’assaut les pistes cyclables. ils permettent de transporter de deux à six enfants.
Son triporteur, Juliana Degiacomi en parle comme d’une histoire d’amour : « J’ai eu un vrai coup de foudre, je me sens en confiance avec lui. » Au point d’oser les déplacements quotidiens sur les pavés de Montpellier, les virées à la mer et même, avant Noël, le trajet pour l’achat du sapin. « Sur le retour, je n’ai jamais vu autant de sourires sur les visages. Il faut dire qu’on offrait un sacré spectacle : un sapin immense, deux enfants et leurs doudous XXL dans une caisse de triporteur. C’est un souvenir marquant ! » C’est lors d’un changement dans sa vie professionnelle que Juliana a pris la décision d’abandonner la voiture. Au printemps dernier, elle trouve un studio pour accueillir son agence de contenus. Fini, le télétravail ! Les déplacements de cette mère de famille hyperactive s’annoncent plus chronométrés que jamais. « Continuer en voiture était impossible : trop de bouchons, pas assez de places de stationnement. J’avais pensé au vélo mais avec deux enfants, c’est compliqué… Le triporteur était la solution rêvée. C’est un investissement [NDLR : de 1 800 à plus de 5 000 euros] mais c’est plus stable, plus sécurisant. Les enfants sont à l’abri. Je ne regrette rien, je gagne tellement de temps… » C’est aussi pour mieux organiser ses journées que Marie Guézelle a décidé de s’offrir un Babboe. Mais pas pour optimiser son agenda. « Il faut arrêter ces vies en accéléré : je voulais prendre mon temps même dans mes déplacements », explique la Bretonne, qui rentre d’un tour d’Europe d’un an avec sa famille. « J’ai découvert les vélos cargos pendant notre voyage : en Suède, au Danemark, aux Pays-Bas, il n’y a que ça. J’ai été séduite. C’est aussi une action, à petite échelle, pour la transition écologique. » Ce mode de déplacement en vogue dans les pays scandinaves progresse partout sur notre continent. Selon une enquête réalisée en mai 2020 auprès des 38 fabricants européens, les ventes ont bondi de 60 % en 2019 par rapport à l’année précédente. La tendance serait encore à la hausse pour 2020. Et la France apparaît dans le peloton de tête. Serait-ce les prémices d’un début de transition vers les mobilités douces? Pour Robin Paradis, président de l’association Paris Cargo Bikes, « cela ne fait aucun doute ». Depuis dix ans, il observe l’essor de ce nouveau mode de transport, « d’abord timide » : « Il y a eu un gros coup d’accélérateur depuis deux ans », détaille-t-il. Un phénomène qu’il lie à deux tendances : « Les aides de l’Etat pour l’acquisition de vélos et de vélos cargo à assistance électrique. Mais aussi l’impulsion des “vélotaffeurs” qui, devenus parents, ne veulent pas abandonner leur mode de déplacement. Qu’il ait deux ou trois roues, une caisse ou un arrière rallongé, le vélo cargo participe à un changement de vie auquel on ne peut plus renoncer une fois qu’on y a goûté. »