L'Express (France)

En matière de relance, rien ne sert de courir...

- PAR CHARLES HAQUET ET BÉATRICE MATHIEU

Le plan d’aide européen, décidé plus vite que l’américain, semble englué dans un processus administra­tif long et tortueux.

Entre l’Amérique de Joe Biden et l’Union européenne d’Ursula von der Leyen, qui seront le lièvre et la tortue de la fable ? Dans cette course contre la montre pour empêcher l’effondreme­nt économique, l’Europe avait, jusque-là, une longueur d’avance. Au coeur de l’été, les Vingt-Sept s’étaient mis d’accord sur un plan de « reconstruc­tion » historique de 750 milliards d’euros. Pendant ce temps, républicai­ns et démocrates américains s’écharpaien­t quant à l’ampleur du soutien budgétaire, la fin de règne catastroph­ique de Trump pourrissan­t les débats. Changement de ton en ce début d’année. Joe Biden, qui veut frapper fort, a annoncé un plan d’urgence de 1 900 milliards de dollars (1 573 milliards d’euros), auquel devrait se greffer un programme de grands chantiers, destinés notamment à accélérer la transition écologique. Passé l’étape du Congrès, l’Amérique devrait aller vite – comme d’habitude. De l’autre côté de l’Atlantique, l’Union semble en revanche entrer dans un interminab­le corridor administra­tif tel que Bruxelles en a le secret. Alors que le plan doit être approuvé par les parlements des 27 Etats membres, les projets éligibles ne seront présentés à la Commission qu’en mars, puis étudiés par le Conseil européen au printemps ! Un premier décaisseme­nt de 13 % sera dans le meilleur des cas versé cet été. Les règlements suivants se feront au compte-gouttes – jusqu’à deux fois par an – et ce jusqu’en… 2026 ! « Outre ce risque de saupoudrag­e, on constate que, dans certains pays tels que l’Italie, l’affectatio­n des budgets fait déjà l’objet de tractation­s politiques », s’inquiète un habitué des arcanes bruxellois. Comme quoi, rien ne sert de courir…

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