En matière de relance, rien ne sert de courir...
Le plan d’aide européen, décidé plus vite que l’américain, semble englué dans un processus administratif long et tortueux.
Entre l’Amérique de Joe Biden et l’Union européenne d’Ursula von der Leyen, qui seront le lièvre et la tortue de la fable ? Dans cette course contre la montre pour empêcher l’effondrement économique, l’Europe avait, jusque-là, une longueur d’avance. Au coeur de l’été, les Vingt-Sept s’étaient mis d’accord sur un plan de « reconstruction » historique de 750 milliards d’euros. Pendant ce temps, républicains et démocrates américains s’écharpaient quant à l’ampleur du soutien budgétaire, la fin de règne catastrophique de Trump pourrissant les débats. Changement de ton en ce début d’année. Joe Biden, qui veut frapper fort, a annoncé un plan d’urgence de 1 900 milliards de dollars (1 573 milliards d’euros), auquel devrait se greffer un programme de grands chantiers, destinés notamment à accélérer la transition écologique. Passé l’étape du Congrès, l’Amérique devrait aller vite – comme d’habitude. De l’autre côté de l’Atlantique, l’Union semble en revanche entrer dans un interminable corridor administratif tel que Bruxelles en a le secret. Alors que le plan doit être approuvé par les parlements des 27 Etats membres, les projets éligibles ne seront présentés à la Commission qu’en mars, puis étudiés par le Conseil européen au printemps ! Un premier décaissement de 13 % sera dans le meilleur des cas versé cet été. Les règlements suivants se feront au compte-gouttes – jusqu’à deux fois par an – et ce jusqu’en… 2026 ! « Outre ce risque de saupoudrage, on constate que, dans certains pays tels que l’Italie, l’affectation des budgets fait déjà l’objet de tractations politiques », s’inquiète un habitué des arcanes bruxellois. Comme quoi, rien ne sert de courir…