L'Express (France)

Immobilier : des prix en sursis… jusqu’à quand ?

- GILLES MANDROUX

Pas de krach en 2021, mais une baisse très modérée des tarifs, pronostiqu­ent les spécialist­es du marché de la pierre. L’horizon 2022 semble plus sombre.

L’exercice est aussi coutumier que périlleux. En ce début d’année, les profession­nels de l’immobilier dessinent des perspectiv­es pour 2021. La bonne résilience de la pierre l’an passé, malgré la crise sanitaire, pousse la majorité d’entre eux à un optimisme mesuré. Selon le seul indice officiel, établi par les Notaires de France avec l’Insee, les prix ont continué d’augmenter jusqu’au quatrième trimestre 2020 en affichant une hausse de 5,2 % sur l’ensemble de l’année. Le volume des transactio­ns s’est lui aussi bien maintenu, avec environ 980 000 ventes réalisées, contre plus de 1 million en 2019. « La pierre est plus que jamais une valeur refuge », affirme Laurent Vimont, président de Century 21. Selon lui, les prix devraient donc résister en 2021, notamment en raison du déficit structurel de l’offre de logements en France. Même constat du côté de la Fédération nationale des agents immobilier­s (Fnaim), qui note que, en juin 2020, 47 % des clients jugeaient le moment opportun pour acheter alors que 71 % ne l’estimaient pas propice pour vendre. Toutefois, l’organisme pronostiqu­e une baisse à Paris et dans les principale­s métropoles régionales. Une inflexion de la courbe des prix est, en effet, déjà particuliè­rement visible dans la capitale (+ 1,8 % en 2020, versus + 8 % en 2019) et dans les dix plus grandes villes (+ 2,6 % en 2020 versus + 5,2 % en 2019), selon les données de Meilleursa­gents.com. Pour 2021, la plateforme d’évaluation des tarifs immobilier­s anticipe une baisse limitée de l’ordre de 1 %, grâce à des taux de crédit qui devraient rester durablemen­t au plus bas et à l’assoupliss­ement récent des conditions d’octroi des prêts à l’habitat par les pouvoirs publics. Les effets de la crise pourraient se faire sentir plus tard. « Les mesures de soutien aux entreprise­s et de chômage partiel diffèrent ses effets, mais une forte augmentati­on du nombre de demandeurs d’emploi à moyen terme est très probable face à la récession que nous traversons aujourd’hui, analyse Thomas Grjebine, responsabl­e du programme Macroécono­mie et finance internatio­nales au Centre d’études prospectiv­es et d’informatio­ns internatio­nales. Or, de façon cyclique, les prix de l’immobilier sont étroitemen­t corrélés aux évolutions du taux de chômage. » Les pertes d’emploi concernero­nt en priorité les classes moyennes les moins riches, notamment les primo-accédants qui ont soutenu le marché ces derniers temps. Les employés et les ouvriers ne représente­nt déjà plus que 37 % des candidats en 2020, soit 6 % de moins qu’en 2019, selon les données de Century 21. Si les spécialist­es s’accordent sur l’absence d’un risque de krach immobilier à court terme, l’hypothèse d’une forte correction des prix au cours des prochaines années reste donc probable. 2021 pourrait donc être le bon moment pour vendre.

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