Barbara Pompili et le moment « copernicien » des renouvelables
La ministre a salué l’étude soulignant la faisabilité d’un mix électrique 100 % renouvelable d’ici à 2050. Un optimisme à nuancer.
Une bouffée de joie. On imagine sans mal la réaction de Barbara Pompili à la lecture de l’étude réalisée par le gestionnaire du réseau électrique RTE et l’Agence internationale de l’énergie, qui lui a été remise en début de semaine dernière. Les chercheurs des deux groupes, qui planchaient depuis plusieurs mois sur l’hypothèse d’un mix électrique 100 % renouvelable en 2050, y soulignent que la France pourra se passer d’électricité d’origine fossile et nucléaire dans trente ans. Euphorique, la ministre de la Transition écologique et défenseure acharnée des énergies renouvelables a communiqué dans l’heure suivant la publication du texte, insistant sur ce « moment copernicien » de nature à marquer l’histoire de l’énergie française et mondiale. Un triomphalisme qui s’estompe rapidement à la lecture du rapport. Car si le chemin vers le tout-renouvelable existe, il n’a rien d’une promenade de santé. Des défis majeurs devront être relevés pour assurer la stabilité du réseau et son approvisionnement. Pas tant au niveau des technologies – la plupart comme le stockage ou les centrales à hydrogène existent déjà – qu’à celui de leur généralisation à l’ensemble du territoire national. D’ici à 2050, entre 40 et 60 gigawatts de flexibilité supplémentaires devront en outre être ajoutés au réseau pour passer la consommation de pointe et éviter les risques de black-out. Soit l’équivalent du parc nucléaire français actuel (61,4 gigawatts de capacité) dans la fourchette haute. Tout sauf anodin. Autant de challenges se doublant d’interrogations de fond que se garde bien de soulever Barbara Pompili. RTE est pourtant très clair : le rapport publié le 27 février est un point d’étape. Il ne chiffre pas le coût potentiel associé au développement des énergies renouvelables ni ne se prononce quant à son acceptabilité sociale ou son impact environnemental et industriel. Dans un pays où le mix est déjà largement décarboné, c’est pourtant sur la base de ces éléments que doit se fonder la politique énergétique. Résumer ce choix à la seule dimension de faisabilité technique du sujet, c’est passer à côté des enjeux.