L'Express (France)

Capteurs : l’autre révolution quantique

En attendant l’ordinateur ultime, les propriétés des atomes serviront à fabriquer de nouveaux instrument­s de mesure très utiles pour la science.

- PAR SÉBASTIEN JULIAN

L’ordinateur quantique permet à l’homme de rêver d’une puissance de calcul infinie. D’un outil lui donnant la possibilit­é de tout modéliser : des conséquenc­es climatique­s complexes aux moindres neurones d’un cerveau. Mais, dans les laboratoir­es, on planche aussi sur des capteurs quantiques, des outils de mesure extrêmemen­t précis, utilisant les propriétés des atomes. Bien moins médiatisée, cette branche de la recherche pourrait paraître moins noble. Elle est pourtant vitale, et la plus avancée. « Avec ces appareils d’un nouveau genre, nous allons sonder les profondeur­s de la Terre, étudier les champs magnétique­s ou guider des engins avec une précision inégalée », se félicite Marko Erman, directeur scientifiq­ue du groupe Thales. Selon lui, une véritable révolution de la métrologie est en marche. Et il ne faudra pas longtemps avant d’en percevoir les effets, car les premiers modèles sont déjà opérationn­els. « Cette technologi­e arrive à maturité. Il faut dire que de nombreux scientifiq­ues y travaillen­t depuis plusieurs décennies », confirme Alain Aspect, professeur à l’Institut d’optique Graduate School de l’université Paris-Saclay et à l’Ecole polytechni­que. Au sommet de l’Etna, en Sicile, la start-up française Muquans a déjà installé son gravimètre dit « à atomes froids ». Vu de l’extérieur, l’objet paraît banal : il s’agit d’un cylindre de 70 centimètre­s de haut relié à un bloc de métal un peu plus gros rempli d’électroniq­ue. Mais à l’intérieur, un étonnant procédé est à l’oeuvre : « On y refroidit un nuage d’atomes par laser, jusqu’à atteindre une très basse températur­e (environ un millionièm­e de degré au-dessus du zéro absolu). Cela permet ensuite de calculer avec une très grande exactitude la gravité à laquelle ils sont soumis », explique Arnaud Landragin, chercheur au CNRS, directeur du laboratoir­e Systèmes de référence temps-espace, et cofondateu­r de la société. A quoi cette informatio­n va-t-elle servir ? « Avant un tremblemen­t de terre, les plaques tectonique­s se déforment légèrement, ce qui crée au-dessus d’elles un accroissem­ent de la pesanteur », détaille le spécialist­e. Grâce à sa sensibilit­é quantique, le capteur discerne d’infimes variations du séisme. « On n’en est pas encore à prévoir précisémen­t les secousses tellurique­s ; aucun système, à l’heure actuelle, n’en est capable, insiste Arnaud Landragin,

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