L'Express (France)

Et si vous passiez au ski de rando ?

Les remontées mécaniques restent fermées cet hiver. L’occasion de tester la glisse autrement et d’aborder la montagne d’un bon pied.

- PAR PAULINE BOULET

Cette saison, le ski de randonnée a le vent en poupe. Une discipline exigeante, mais qui permet d’arpenter les montagnes enneigées en autonomie. « Tout le monde peut pratiquer, à condition de savoir descendre, souligne Marion Poitevin, guide de haute montagne et secouriste. A la montée, c’est facile : il suffit de marcher comme en raquettes ou en randonnée », en traînant ses skis. Pour éviter de glisser en arrière, des « peaux de phoque » viennent se coller ou s’attacher sous les semelles. Lorsque la discipline est apparue, il y a près de quatre mille ans, les pionniers utilisaien­t des peaux de bête. Elles ont laissé place à des matériaux synthétiqu­es et/ou du mohair.

Pendant l’ascension, les talons restent détachés de la fixation et les chaussures, beaucoup plus souples que celles de ski alpin, permettent d’avancer confortabl­ement. Le sommet atteint, grâce à un ingénieux système, on bascule en mode alpin en quelques secondes pour savourer la descente avec les pieds bien maintenus. « Gravir la pente est un effort long et constant, très accessible, témoigne Martin, 28 ans, qui pratique depuis deux ans. C’est toi qui choisis ton rythme, plutôt balade ou plutôt sport, selon ton envie. » Marion Poitevin résume : « Il s’agit d’un effort naturel. On travaille beaucoup les fessiers, les quadriceps… les jambes, quoi ! » Glisser s’avère beaucoup plus complexe, car le skieur doit savoir évoluer hors piste, dans tout type de neige. « L’important, c’est de garder de la marge à la montée, insiste la guide. C’est un sport de montagne. On évolue dans un milieu qui n’est pas aseptisé. On ne peut pas se mettre dans le rouge, car il faut garder sa lucidité pour pouvoir gérer son environnem­ent. » Martin approuve : « La descente est bien plus ardue. L’effort est vraiment intense, on se fatigue très vite. Mais c’est aussi le moment le plus marrant ! »

Comme à la montée, le randonneur doit savoir choisir le meilleur itinéraire et éviter des déclenchem­ents d’avalanche. « La montagne est un milieu fabuleux, mais qui s’apprend », rappelle Marion Poitevin. Pour débuter, on privilégie donc les itinéraire­s sur piste (balisés et sécurisés, notamment en cette période de fermeture des remontées mécaniques) ou les itinéraire­s balisés et non sécurisés proposés par les domaines skiables, qui indiquent les pistes utilisable­s à la descente. « Avant chaque sortie, il faut bien préparer sa course, ajoute la guide. On consulte la météo, on repère le tracé sur la carte. L’applicatio­n Iphigénie est un super outil pour s’orienter. » Une option permet de détecter toutes les pentes supérieure­s à 30 degrés. « Ce sont celles qu’il faut éviter : les études qui ont été menées par l’Associatio­n nationale pour l’étude de la neige et des avalanches montrent que le risque diminue grandement en dessous de cette inclinaiso­n. Les novices peuvent notamment se concentrer sur les itinéraire­s en forêt, qui sont les plus sûrs », conseille Marion Poitevin.

Avant de partir, il est impératif de savoir utiliser l’indispensa­ble triptyque de sécurité (voir l’encadré ci-contre). De nombreuses stations proposent des « parcs DVA » pour apprendre à le manipuler. Ensuite, on choisira une sortie adaptée à son niveau. « Quand on débute, on fait environ 400 mètres de dénivelé positif par heure, évalue Marion Poitevin. C’est un bon objectif pour commencer, car on subit aussi les effets de l’altitude. » Pour une heure de montée, il faut compter de dix à quinze minutes de descente. Mais quelle descente !

En cas de problème, appelez les secours en montagne au 112.

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Une activité intense, mais complète.

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