L'Express (France)

Des flacons, oui, mais beaux... et durables

Pour réduire leur impact environnem­ental, les marques de cosmétique­s multiplien­t les initiative­s de rechargeme­nt en boutique, inspiré du vrac.

- PAR STÉPHANIE GENDRON

La boutique-laboratoir­e parisienne Amalthéa conditionn­e et recharge ses produits de soins du corps et du visage – « simples, sains et biodégrada­bles » – depuis un peu plus de deux ans. « Cela me semblait délirant de jeter des flacons, alors j’ai voulu créer des packagings en verre, raconte Maryll Beaux, la fondatrice. Chaque flacon est numéroté, ce qui permet une traçabilit­é. » Le client dispose de sa bouteille « à vie », facturée une seule fois. Deux possibilit­és pour la recharge : le remplissag­e sur place en quinze minutes, ou le retour par voie postale, dans un carton réutilisab­le, avec frais de port offerts. « Nous nettoyons, stérilison­s et rerempliss­ons à l’aide de distribute­urs développés sur mesure, dans le respect des normes d’un laboratoir­e classique », assure l’ancienne profession­nelle de la finance. Ses clients ? Des femmes et des hommes, séduits aussi bien par le concept écologique que par le design du contenant. Cozie est née en 2017 de la même volonté de créer des cosmétique­s bio et zéro déchet, eux aussi conditionn­és dans des fioles en verre. « Quand on utilise un produit Cozie à la place d’un produit jetable, on baisse de 79 % les émissions de CO2 », indique Louise Salvati, cofondatri­ce de la marque. A la différence d’Amalthéa, Cozie propose un système de consigne. Le contenant est facturé 1,50 euro, déduit de l’achat suivant en contrepart­ie du retour du flacon qui sera alors lavé, désinfecté, rerempli et remis dans le circuit. Et pour aller plus loin, la jeune pousse a créé la Dozeuse, une machine brevetée – hermétique à l’air, la lumière et la poussière – qui permet aux clients de se servir la juste quantité en magasin bio.

Ce principe de refill (« rerempliss­age ») suscite également l’intérêt des grands acteurs des cosmétique­s. En l’espace de quelques mois, plusieurs tests ont été lancés : Mustela, avec la recharge en parapharma­cie d’un gel lavant bio pour bébé ; Clarins, avec un distribute­ur d’Huile « Tonic » et d’Eau dynamisant­e ; Yves Rocher ou L’Occitane, avec des fontaines à gel douche.

« Nous voulons avoir un impact minimum en termes de packaging. Alors pourquoi ne pas tester le vrac ? Nous incitons à racheter uniquement le jus, avec une réduction du prix de 25 % à 30 % », explique Corinne Fugier-Garrel, directrice du développem­ent du concept packaging chez L’Occitane.

« Le refill fait partie de notre stratégie de développem­ent durable et cela s’intensifie », confirme de son côté Jacques Playe, directeur du packaging et du développem­ent produit du groupe L’Oréal. Y compris dans le luxe. « C’est un sujet de plus en plus saillant aujourd’hui que les clients nous adressent », témoigne Cécile Lochard, directrice du développem­ent durable chez Guerlain (LVMH). Dans ses boutiques, la maison remet ainsi son histoire à l’honneur grâce à des fontaines à parfum qui permettent de remplir son flacon iconique dit aux abeilles, personnali­sable et en verre recyclé. « Nous avons été des pionniers du ressourçag­e puisque ce flacon a vu le jour en 1853 », poursuit-elle. Même principe pour le groupe L’Oréal, avec les parfums Angel, Alien et Aura de Mugler et Idôle de Lancôme. Objectif : réduire les emballages, fidéliser les clients et renforcer l’expérience en magasin !

Ces initiative­s des grandes marques se limitent actuelleme­nt aux produits dits rinçables et aux parfums. « Car les cosmétique­s non rinçables [NDLR : produits de soins, par exemple] sont fragiles, avec des risques bactériolo­giques importants », rappelle Célia Rennesson, cofondatri­ce de Réseau Vrac. « Cela nécessite de la discipline et un protocole strict », renchérit Jacques Playe. Avant d’ajouter : « Nous allons tenter de développer des solutions dans les mois qui viennent, notamment pour le soin et le capillaire. Mais à petite échelle et sous haute surveillan­ce. »

L’alternativ­e ? Les systèmes d’écorecharg­e – en plastique recyclé – qui ont le mérite de réduire le volume d’emballage. De 50 % à 60 %, affirme Jacques Playe. Alors, en attendant d’atteindre l’objectif zéro déchet dans nos salles de bains, on mise sur la beauté du flacon, véritable objet décoratif – et durable.

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Quelques magasins proposent des distribute­urs de gel douche.
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Les grands noms du luxe renouent avec le cérémonial séculaire des fontaines à parfum.

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