DE SABLE ET DE NEIGE
PAR CHANTAL THOMAS. MERCURE DE FRANCE, 210 P., 19 €.
Heureusement, alors que tanguent la plupart de nos habitudes, certaines restent immuables : ainsi du plaisir de lire un texte de Chantal Thomas, tout juste élue à l’Académie française. Pas une once de déception, pas le moindre bémol, mais la longue satisfaction de voir danser les phrases sur les choses de la vie. De sable et de neige n’est pas sans rappeler Souvenirs de la marée basse (2017), le récit enchanteur de l’enfance arcachonnaise de cette spécialiste du xviiie siècle, doublé d’un émouvant portrait de mère. De nouveau, nous voilà sur les rives du Bassin, puis, lors d’excursions organisées, le grandpère tant aimé, sur celles de l’océan, au CapFerret, là où les vagues claquent, où les courants se renforcent et les bancs de sable mouvant se forment, dangereusement.
Que du bonheur pour cette éternelle enfant de la plage qui « aime l’eau d’amour » et que font rêver les blockhaus perchés en haut de la dune, futurs abris des « débauches sexuelles ». Une image en appelle une autre : la dégustation d’huîtres chez Hortense, la sculpture de sable avec l’inséparable Lucile, l’automne au Petit Palet (quatre maisons isolées en pays charentais)... Puis surgit l’ombre du père, dessinateur industriel, à peine esquissé dans Souvenirs de la marée basse, véritable héros de ce livre. « Lorsqu’il est dans les parages, je suis happée par sa présence », note l’auteure à propos du mutique Armand, qui « a pris ses distances par rapport à une humanité bruyante ». Il l’emmène à la pêche et sur les pistes d’aiguilles de pin avant de l’embarquer dans les Pyrénées. Un jour, le 2 janvier 1963, tout s’écroule, son père meurt, à 47 ans. Ne restent plus que l’empreinte de l’amour, et les justes mots pour le ressusciter en beauté