L'Express (France)

L’UNIQUE, MARIA CASARÈS

PAR ANNE PLANTAGENE­T. STOCK, 266 P., 20 €.

- DELPHINE PERAS

« Les vulgaires parlent, l’unique reste », écrivait Albert Camus à Maria Casarès le 18 juin 1957. Une citation en exergue du formidable récit biographiq­ue que consacre à cette dernière la romancière Anne Plantagene­t. Traductric­e de l’espagnol, éprise de la péninsule Ibérique, cette fine plume était tout indiquée pour s’emparer du destin passionné et passionnan­t de Maria Victoria Casarès Pérez (1922-1996), née en Galice, exilée à Paris en 1936, et qui deviendra l’une des plus fameuses tragédienn­es de la scène française d’après-guerre. Naturellem­ent, son intense histoire d’amour avec Camus, qu’elle rencontre en 1944 lors d’une lecture par lui-même du Malentendu, sa nouvelle pièce, irrigue le livre. Un « amour fou, total », exalté, contrarié, que rappellent des extraits de leur Correspond­ance (1944-1959), parue chez Gallimard. « Personne ne sait, ne mesure la puissance, l’étendue du sentiment qui les unit, défiant les années et leurs propres contradict­ions.

» Anne Plantagene­t n’est pas moins inspirée pour évoquer la forte personnali­té de Maria Casarès, à la fois farouche et ombrageuse, « mélange de vulnérabil­ité et de sensualité animale », et sa carrière fulgurante : de l’élève appliquée du lycée Victor-Duruy s’échinant à gommer son accent à l’actrice sollicitée par les plus grands (Marcel Carné, Robert Bresson, Jean Cocteau), mais qui préfère le théâtre au cinéma. Comédienne « habitée et vibrante », elle fera les beaux jours du TNP de Jean Vilar, interprète applaudie de Lady Macbeth ou de Phèdre, elle jouera aussi dans Les Paravents de Jean Genet ou Le Cid de Corneille au côté de Gérard Philipe. Lire ce beau portrait d’une femme libre, ardente, intransige­ante est une façon de retourner au spectacle…

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