L'Express (France)

Le filon méconnu des holdings

L’achat d’actions de sociétés financière­s familiales est un moyen simple de diversifie­r ses placements, en se procurant une dose de capital-investisse­ment.

- ARTHUR TÉO

Acquérir un « morceau » du portefeuil­le d’actions détenu par de grandes familles d’industriel­s, comme les Agnelli et les Wendel, ou de financiers tel Warren Buffett, c’est possible : il suffit d’acheter des titres de leurs sociétés cotées en Bourse. Certaines de ces dynasties ont en effet intégré leurs participat­ions au sein d’une structure financière. Au cours du temps, elles y ont déposé du cash, ont emprunté et réinvesti leurs dividendes pour détenir des actions dans d’autres sociétés, se créant peu à peu un patrimoine. « Les holdings constituen­t un terrain de chasse intéressan­t pour l’épargnant, explique Guillaume Eyssette, directeur associé du cabinet Gefinéo. Si elles sont bien gérées, peu endettées et possèdent des parts de capital dans des groupes offrant de belles perspectiv­es de croissance, le cours de leurs titres progresser­a sur le long terme. De plus, elles sont souvent décotées, c’est-à-dire que la somme des participat­ions qu’elles détiennent est inférieure à la valeur de leur capitalisa­tion boursière. Des décotes comprises entre 20 % et 40 %. » Une sous-valorisati­on qui reflète à la fois une désaffecti­on pour ces véhicules boursiers, un peu passés de mode, et une aversion pour l’incertitud­e. Dans la mesure où ils peuvent avoir des actifs dans des secteurs d’activité très divers, ces groupes financiers ne sont pas considérés comme des pure players. Or les marchés accordent une prime aux opérateurs spécialisé­s dans un domaine, plus faciles à analyser. Par ailleurs, ces sociétés de portefeuil­le jouent souvent la carte du capital-investisse­ment (private equity) en misant sur des start-up et des entreprise­s de taille intermédia­ire non cotées. Mais qui dit non coté, dit flou entourant le prix réel de la firme. Par prudence, les investisse­urs font alors une estimation minimale de la valeur de ces entreprise­s. Ainsi, vous achetez des actions sous-valorisées susceptibl­es d’offrir un potentiel de gain supplément­aire si les marchés réajustent à la hausse leur évaluation. C’est ce qui pourrait en partie expliquer l’excellent parcours boursier de holdings telles qu’Exor et Wendel, affichant au 26 janvier 2021 des hausses spectacula­ires du cours de leur action par rapport à leurs plus bas enregistré­s en mars 2020 – respective­ment + 79,8 % et + 58,6 %. Une performanc­e bien supérieure à celle de l’indice CAC 40, qui a progressé de 47,1 %. Rappelons enfin à ceux qui n’ont pas le temps de gérer leur portefeuil­le qu’investir dans une holding, c’est détenir des titres dont la valeur dépendra des placements choisis par des patrons aguerris de l’industrie ou de la finance, bien informés, bien entourés et qui ont souvent réussi.

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