Covid-19 : un choc psychologique aux conséquences durables
La peur liée au virus peut générer un état de stress post-traumatique chez tout un chacun.
Plus la pandémie se prolonge et plus ses effets délétères sur notre santé mentale apparaissent au grand jour. Plusieurs mois après leur sortie de l’hôpital, les malades les plus sévères souffrent encore de cauchemars, développent des angoisses ou tombent en dépression, signes d’un état de stress post-traumatique (ESPT). Selon des travaux récents menés au CHU de Lille, 7 % des patients passés par les services de soins intensifs seraient concernés. Mais une nouvelle étude australienne constate que ce type de troubles peut également toucher des personnes « saines », n’ayant pas été contaminées par le coronavirus ! Ces résultats surprenants, publiés dans la revue scientifique PLOS One, confirment l’existence d’une autre vague épidémique – de stress, celle-là – dont l’ampleur et les effets sur notre santé restent sans doute sous-estimés. « L’ESPT est généralement associé à des événements passés touchant directement les personnes concernées », notent les auteurs de l’étude. Un patient peut, par exemple, développer des crises d’angoisse ou souffrir d’une détresse psychologique durable après une agression ou une catastrophe naturelle. Mais, dans le cas du Covid-19, la peur de voir une personne proche être contaminée, le fait de ne plus travailler en raison de la pandémie ou l’exposition régulière à des articles de presse anxiogènes peuvent déboucher sur le même genre de symptômes. Pour le démontrer, les chercheurs ont étudié la santé mentale de 260 personnes, âgées de 18 à 78 ans, résidant dans cinq pays différents (Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), à l’aide de questionnaires spécifiques. Ils ont recueilli des données sur leur exposition au virus et sur leur consommation d’articles ou de vidéos liées au Covid. En croisant ces informations, les chercheurs ont
calculé que 13,2 % des personnes interrogées développent des symptômes relevant d’un stress post-traumatique. Une proportion qui ne reflète pas la propagation du virus au sein de l’échantillon : à peine 2 % des sondés ont été testés positifs au Covid-19. Et seulement 5 % d’entre eux entrent dans la catégorie des cas contacts. Bien sûr, être directement exposé à la maladie constitue une source majeure de stress, reconnaissent les auteurs de l’étude. Mais imaginer des événements angoissants (la mort d’un proche, le fait de tomber malade et d’en mourir, ou la découverte d’un cas positif dans la famille...) semble générer plus de stress que certaines expériences négatives réellement vécues comme le confinement et la difficulté à s’approvisionner pendant cette période, ou l’isolement contraint à la suite d’une contamination. Il faudra plusieurs années pour évaluer les conséquences précises de ce phénomène, soulignent les chercheurs. En attendant, l’arrivée probable d’un troisième confinement risque de faire un peu plus de dégâts