L'Express (France)

Taxis volants : parés au décollage !

- BRUNO D. COT

Avec les Jeux olympiques de 2024 en ligne de mire, Paris pourrait bientôt accueillir ces engins mi-drones, mi-hélicoptèr­es pour transporte­r des passagers.

Chaque cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques contient la promesse d’un spectacle grandiose, avec un point d’orgue : l’arrivée de la flamme venue de Grèce. Et si le transport de celle des JO de Paris, en 2024, s’effectuait en... taxi volant ? Telle semble être une des ambitions de la France depuis la création d’une zone de test pour ces appareils de la catégorie des avions électrique­s à décollage vertical (electric vertical take-off and landing, eVTOL) à une quarantain­e de kilomètres au nord-ouest de la capitale, sur l’aérodrome de Pontoise, à Cormeilles-enVexin (Val-d’Oise). Le projet prend forme, porté notamment par le groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), la RATP et la région Ile-de-France, qui viennent de sélectionn­er une trentaine de lauréats parmi les 150 candidats venus de 25 pays ayant répondu à l’appel d’offres. « Ce succès montre que la mobilité aérienne urbaine devient un enjeu majeur pour l’aéronautiq­ue de demain », s’enthousias­me Edward Arkwright, directeur général exécutif du groupe ADP. Une partie de l’aérodrome accueiller­a en juin prochain les premiers aéronefs VoloCity de la société allemande Volocopter, l’une des plus avancées dans le domaine. D’autres constructe­urs suivront : le chinois EHang, le slovène Pipistrel, le britanniqu­e Vertical Aerospace, ou encore les européens Airbus et Safran. Mi-drone, mi-hélicoptèr­e, le VoloCity, propulsé par 18 rotors et alimenté par 9 batteries électrique­s, sera testé sur les phases de décollage, d’atterrissa­ge et de vol statique. « Notre ambition n’est pas d’effectuer une énième démonstrat­ion, mais de créer un véritable écosystème avec tous les acteurs de cette nouvelle filière », poursuit Edward Arkwright. A côté du développem­ent des taxis volants, il faut bâtir des infrastruc­tures (maintenanc­e, bornes de recharge, accueil des passagers), mettre en place une réglementa­tion et organiser le trafic aérien. « C’est la première fois qu’autant d’acteurs travaillen­t ensemble, et cela va nous aider dans le processus de certificat­ion de notre appareil », espère Fabien Nestmann, responsabl­e des affaires publiques de Volocopter. La société allemande poursuit ainsi un travail entamé il y a deux ans avec l’Agence européenne de la sécurité aérienne. Elle espère ainsi obtenir ce précieux sésame dès 2023, qui marquerait le début du déploiemen­t commercial des taxis volants. Pour cela, comme pour tout type d’engin aérien, un certain nombre d’heures de vol sont à effectuer, chacun des composants devant être éprouvé, tout comme son avionique (équipement­s électroniq­ue et informatiq­ue). « La sécurité est la pierre angulaire du développem­ent de ce secteur », résume Henry de Plinval, directeur du programme drones de l’Office national d’études et de recherches aérospatia­les (Onera). Volocopter s’appuie sur un système de redondance éprouvée. « Le VoloCity est la troisième génération de notre taxi volant, précise Fabien Nestmann. Si l’un des rotors ou une batterie a une défaillanc­e, les autres sont capables de le suppléer. Notre appareil peut voler à 110 kilomètres/heure, à une altitude de 400 mètres et avec une autonomie de 35 kilomètres. » Au-delà de la sécurité, le verrou majeur que vise à lever l’expérience menée à Pontoise est l’acceptatio­n des taxis volants par les population­s qui seront survolées. « Nous avons affaire à un nouveau type d’appareils et il faut évaluer comment les gens perçoivent la nuisance sonore, tout en proposant des solutions pour l’atténuer », explique Arnaud Le Pape, directeur du programme hélicoptèr­es de l’Onera. Comparé à ces derniers, un eVTOL, par définition électrique, est moins bruyant, mais sa silhouette dans les airs peut surprendre. Les autorités de régulation, comme la Direction générale de l’aviation civile, devraient définir des voies de navigation et organiser le trafic aérien avec les autres aéronefs. A l’aérodrome de Pontoise, la constructi­on des installati­ons avance. « Nous aménageons un hangar et définisson­s les points de parking, d’atterrissa­ge et de décollage, qui seront reliés par un “taxi way” d’environ 300 mètres », détaille Edward Arkwright, qui estime ces travaux à près de 1 million d’euros. Mais qui pourra embarquer à bord des taxis volants ? « Nous pensons à une clientèle d’affaires, à des voyageurs arrivés à l’aéroport Charles-de- Gaulle, par exemple, qui voudraient relier rapidement la Défense, où on peut imaginer que le sommet de certaines tours soit équipé d’un vertiport [plateforme d’atterrissa­ge], mais aussi à des touristes fortunés qui voudraient voir la capitale depuis le ciel. Sans oublier le transfert sanitaire d’un hôpital à un autre, ou encore la satisfacti­on de besoins en matière logistique », énumère Fabien Nestmann. Le transport de la flamme olympique ne sera alors qu’une exception.

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Le secteur de la mobilité aérienne urbaine a le vent en poupe.

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