LE BAZAR DU ZÈBRE À POIS
PAR RAPHAËLLE GIORDANO. PLON, 288 P., 18,90 €. ✸✸✸✸✸
« Je m’appelle Basile. J’ai commencé ma vie en montrant ma lune. Est-ce pour cela que j’ai toujours eu l’impression de venir d’une autre planète ? » On n’en est qu’à l’incipit du nouveau Raphaëlle Giordano et, déjà, on ne sait plus où se mettre. Ledit Basile est un inventeur foufou mais gentil qui a ouvert le Bazar du zèbre à pois, où il vend toutes sortes de créations farfelues. Sa grande leçon de vie, c’est qu’il faut être audacieux. Danton ne disait pas autre chose en 1792, quand il s’exclamait : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! » Sans le savoir, il inventait le développement personnel. Ça ne l’a pas empêché d’être envoyé à la guillotine – une chouette trouvaille, elle aussi. Raphaëlle Giordano s’est fait connaître en 2015 avec Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, un manuel de coaching grossièrement maquillé en roman. Après
Le jour où les lions mangeront de la salade verte et
Cupidon a des ailes en carton, Le Bazar du zèbre à bois reprend les mêmes recettes marketing. Pourquoi l’auteure s’adresse-t-elle au lecteur comme s’il venait d’entrer en maternelle ? Même quand on n’a pas une haute estime de soi, c’est un peu vexant. La jaquette du livre présente notre professeure de bonheur comme « une romancière passionnée par l’Humain » (avec un grand H, car elle a un grand coeur). N’est-elle pas surtout intéressée par l’Argent ? Après près de 300 pages de baratin positif, elle donne le contact de sa soeur jumelle, Stéphanie, elle aussi coach, qui se propose de nous sortir du pétrin via des visioconférences payantes. C’est ce qu’on appelle du cynisme. Le côté obscur de la Lune ?