Suez-Veolia : à quoi joue Bruno Le Maire ?
Le ministre de l’Economie fait désormais barrage au projet porté par Antoine Frérot. Sans qu’on sache très bien pourquoi...
Bruno Le Maire s’est trouvé un nouveau combat. Après avoir mis en échec le projet de rapprochement entre Carrefour et le canadien Couche-Tard, le ministre de l’Economie fait désormais ouvertement barrage à l’OPA de Veolia sur son rival Suez. Cette fois, ce n’est pas notre souveraineté alimentaire qui est en jeu. Mais, si on le comprend bien, des milliers d’emplois et l’approvisionnement en eau des Français. La cause est belle, politiquement porteuse.
Le locataire de Bercy s’est engouffré dans la brèche. Lui qui revendiquait sa neutralité dans la bataille opposant les deux géants français est parti sabre au clair en apprenant que Veolia avait formellement déposé une offre sur son concurrent. La démarche est dorénavant jugée déloyale, précipitée et opaque. Les dirigeants de Suez n’auraient pas dit mieux. Le ministre de l’Economie est bien évidemment dans son rôle lorsqu’il se soucie de l’emploi et du paysage concurrentiel dans un secteur aussi essentiel que celui de l’eau. C’est moins le cas lorsqu’il épouse, au mot près, l’argumentaire de l’une des parties, en tordant au passage quelques vérités : l’offensive de Veolia ne tombe pas du ciel ; elle découle de la cession des parts détenues par Engie dans le groupe Suez. Une opération encouragée par l’Etat actionnaire. Elle n’est pas non plus « précipitée » : les deux entreprises se livrent une bataille sans merci depuis plus de cinq mois. Quant au manque de transparence évoqué, mieux vaut en sourire : en coulisses, Bruno Le Maire s’active pour donner corps à la contre-offre portée par le fonds Ardian et des investisseurs américains, qui reviendrait à découper Suez selon les pointillés. « Le capitalisme, ça ne peut pas être la guerre de tous contre tous », sermonnait-il en début de semaine en réaction à l’OPA de Veolia. C’est vrai. Et cohérent, le ministre a choisi son camp. ✸