Affaire Yuriy : une équipée ultraviolente et aveugle pour « venger un copain »
Cinq jours avant le lynchage du collégien à Paris, une autre agression en bande avait eu lieu. La police songe à joindre les deux affaires, sans savoir pour autant si Yuriy était impliqué dans la première.
Selon le parquet de Paris, il n’y a plus de doute. L’agression ultraviolente de Yuriy, 15 ans, le 15 janvier dernier à Beaugrenelle (XVe arrondissement de Paris), « s’inscrit dans une démarche de représailles sur fond de rixe entre bandes ». Une seconde enquête a d’ailleurs été ouverte pour faire la lumière sur une autre agression survenue quelques jours plus tôt, dont G., 14 ans, a été victime. Sa mère, aide-soignante de 46 ans d’origine camerounaise, avait déposé plainte au commissariat du XVe arrondissement le 11 janvier, au lendemain des faits.
Le dossier est confiée à la troisième division de la police judiciaire de Paris. « Il faudrait joindre les deux affaires et établir la responsabilité éventuelle de Yuriy dans l’agression de G. », estime désormais une source proche de l’enquête. Pour l’heure, rien ne dit que Yuriy faisait partie de la bande qui a agressé G. le long du quai du port de Javel.
Le 10 janvier en fin d’après-midi, le collégien et deux de ses copains, tous trois originaires de Vanves (Hauts-de-Seine), traînent dans le centre commercial Beaugrenelle. Y sont aussi présents des membres de la bande RD4 (référence à la rue des
Quatre-Frères-Peignot, dans le
XVe arrondissement), qui ont interdit ce « territoire » à certains jeunes de Vanves. A la différence de ses amis, G. ne peut leur échapper : il perd ses lunettes, et se retrouve piégé en tentant de les récupérer dans la pénombre. Insulté, battu, aspergé de gaz lacrymogène, le gamin a la main fracturée et le visage en sang.
Les membres de RD4 ont filmé les faits, et envoient le soir même la vidéo à leurs rivaux de Vanves, qui reconnaissent la victime, scolarisée comme certains d’entre eux au collège Saint-Exupéry. Ivres de rage, les adolescents transmettent les images au grand frère et au cousin de G.,
16 et 18 ans, lycéens à Boulogne, qui n’ont jamais fait parler d’eux.
Mais, le 15 janvier, les deux jeunes feront partie de la dizaine d’individus qui ont laissé Yuriy pour mort sur la dalle Beaugrenelle… « Un groupe informel, dont les membres, très jeunes, sont souvent inconnus des services de police, et qui se lancent dans une équipée ultraviolente pour venger un copain », résume un enquêteur.
« G. est traumatisé, ne mange plus, ne va plus au collège. Il a été entendu deux fois par la police, et ne sait pas si Yuriy faisait partie de ceux qui l’ont attaqué », nous confie sa mère. Neuf jeunes, âgés de 15 à 18 ans, ont été interpellés les 28 et 29 janvier, et cinq d’entre eux, dont son fils et son neveu, placés en détention provisoire. Le juge d’instruction a considéré que le passage à tabac de Yuriy constituait une tentative d’assassinat. ✸
G. ne peut leur échapper : il perd ses lunettes et se retrouve piégé