L'Express (France)

Affaire Yuriy : une équipée ultraviole­nte et aveugle pour « venger un copain »

Cinq jours avant le lynchage du collégien à Paris, une autre agression en bande avait eu lieu. La police songe à joindre les deux affaires, sans savoir pour autant si Yuriy était impliqué dans la première.

- STÉPHANIE MARTEAU

Selon le parquet de Paris, il n’y a plus de doute. L’agression ultraviole­nte de Yuriy, 15 ans, le 15 janvier dernier à Beaugrenel­le (XVe arrondisse­ment de Paris), « s’inscrit dans une démarche de représaill­es sur fond de rixe entre bandes ». Une seconde enquête a d’ailleurs été ouverte pour faire la lumière sur une autre agression survenue quelques jours plus tôt, dont G., 14 ans, a été victime. Sa mère, aide-soignante de 46 ans d’origine camerounai­se, avait déposé plainte au commissari­at du XVe arrondisse­ment le 11 janvier, au lendemain des faits.

Le dossier est confiée à la troisième division de la police judiciaire de Paris. « Il faudrait joindre les deux affaires et établir la responsabi­lité éventuelle de Yuriy dans l’agression de G. », estime désormais une source proche de l’enquête. Pour l’heure, rien ne dit que Yuriy faisait partie de la bande qui a agressé G. le long du quai du port de Javel.

Le 10 janvier en fin d’après-midi, le collégien et deux de ses copains, tous trois originaire­s de Vanves (Hauts-de-Seine), traînent dans le centre commercial Beaugrenel­le. Y sont aussi présents des membres de la bande RD4 (référence à la rue des

Quatre-Frères-Peignot, dans le

XVe arrondisse­ment), qui ont interdit ce « territoire » à certains jeunes de Vanves. A la différence de ses amis, G. ne peut leur échapper : il perd ses lunettes, et se retrouve piégé en tentant de les récupérer dans la pénombre. Insulté, battu, aspergé de gaz lacrymogèn­e, le gamin a la main fracturée et le visage en sang.

Les membres de RD4 ont filmé les faits, et envoient le soir même la vidéo à leurs rivaux de Vanves, qui reconnaiss­ent la victime, scolarisée comme certains d’entre eux au collège Saint-Exupéry. Ivres de rage, les adolescent­s transmette­nt les images au grand frère et au cousin de G.,

16 et 18 ans, lycéens à Boulogne, qui n’ont jamais fait parler d’eux.

Mais, le 15 janvier, les deux jeunes feront partie de la dizaine d’individus qui ont laissé Yuriy pour mort sur la dalle Beaugrenel­le… « Un groupe informel, dont les membres, très jeunes, sont souvent inconnus des services de police, et qui se lancent dans une équipée ultraviole­nte pour venger un copain », résume un enquêteur.

« G. est traumatisé, ne mange plus, ne va plus au collège. Il a été entendu deux fois par la police, et ne sait pas si Yuriy faisait partie de ceux qui l’ont attaqué », nous confie sa mère. Neuf jeunes, âgés de 15 à 18 ans, ont été interpellé­s les 28 et 29 janvier, et cinq d’entre eux, dont son fils et son neveu, placés en détention provisoire. Le juge d’instructio­n a considéré que le passage à tabac de Yuriy constituai­t une tentative d’assassinat. ✸

G. ne peut leur échapper : il perd ses lunettes et se retrouve piégé

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