Apple vs Facebook
C C ela fait longtemps que Tim Cook, PDG d’Apple, veut la peau de Facebook. La relation entre le fabricant de l’iPhone et le réseau social est totalement asymétrique. Au contraire de Google, qui paie à Apple 10 milliards de dollars annuels au titre de la présence du moteur de recherche sur ses produits, Facebook ne lui verse rien.
En revanche, la mauvaise réputation du réseau social entache l’image d’Apple, dont l’un des principes-clefs est la protection des données personnelles. Ce qui est confié à un iPhone, à un Mac, ou aux services de la firme doit rester la propriété de l’utilisateur. Des photos, la firme ne voit que des 0 et des 1. Pas de backdoor (« porte dérobée »), d’accès latéral, même pour des impératifs de sécurité nationale, comme le FBI en a fait l’irritante expérience en 2015 dans une affaire de terrorisme.
Depuis un an, pour garantir une meilleure sûreté, les messages, photos, voix, profil médical sont même chiffrés sur le téléphone lui-même. Cette mesure, indéniablement efficace selon les spécialistes, Apple la fait payer très cher. Elle fait même partie de son modèle d’affaires. On ne vend pas 1 million d’iPhone par jour à un prix 30 % supérieur à celui des concurrents uniquement grâce à un design élégant. La protection de la vie privée est essentielle au maintien de la position – et des marges – de la marque à la pomme. Par opposition, Facebook vit de l’utilisation sans filtre des données. Elle est nécessaire pour le ciblage publicitaire. Sans le vouloir, l’iPhone est donc devenu un puissant aspirateur à données pour Facebook, et un moyen de suivre les utilisateurs à travers le Web. A cela, Tim Cook a voulu mettre un terme en imposant des restrictions drastiques sur la prise d’informations et le suivi des usagers. Le 28 janvier, lors d’une intervention publique, il a même dénoncé avec une violence inhabituelle – sans le nommer – Facebook, et sonné la fin de l’open-bar dans la collecte de ces éléments privés.
Mark Zuckerberg est tenté par un procès en abus de position dominante contre Apple, et cherche à rallier d’autres géants de la tech. Mais ceux-ci y regardent à deux fois avant de croiser le fer avec une firme qui pèse 2 400 milliards de dollars en Bourse et a une base installée de 1,65 milliard d’appareils. ✸