Le fabuleux succès des tutoriels et des master class
Cuisine, musique, bricolage… Les Français retrouvent le plaisir de la création et du « faire soi-même », acquérant des compétences grâce aux cours en ligne.
Poser du papier peint, préparer une brioche, tricoter, créer son potager, rénover un meuble, se remettre à la danse… Le « tropplein » de temps libre laissé par les confinements et les couvrefeux a incité les Français à renouer avec le Do It Yourself (DIY, « Faites-le vous-même ») et à s’inscrire à des master class en ligne. « Avec ma femme, on a profité du premier confinement pour repeindre la maison, y compris l’extérieur, raconte David, 37 ans, gérant d’un magasin d’optique. Nous avons cherché des tutoriels sur YouTube pour savoir comment recouvrir du crépi et on a découvert tout un univers autour du bricolage. C’est une activité à la fois gratifiante et moins coûteuse que de confier les travaux à un tiers. »
En 2020, 96 % des Français ont pratiqué le DIY, selon un sondage Toluna/I Make, notamment dans les domaines de la cuisine, du bricolage et du jardinage. Cette appétence accrue pour les travaux manuels comprend également la couture. En mai dernier, le fabricant de machines à coudre Singer a constaté une hausse de 400 % de ses ventes par rapport à la même période en 2019. Si la confection de masques de protection a pesé dans la balance, la tendance semble s’inscrire sur la durée puisque la marque a noté une augmentation des ventes de 30 à 40 % sur l’ensemble de 2020.
Produits ménagers et cosmétiques faits maison participent aussi de cet engouement : selon une étude réalisée par Ipsos pour l’observatoire E. Leclerc des nouvelles consommations, 46 % des Français pensent que dans les cinq années à venir ils élaboreront euxmêmes plus souvent qu’aujourd’hui leurs produits ménagers, tandis que 24 % le font déjà de temps en temps. La raison première est économique, mais la volonté de moins consommer et la protection de l’environnement arrivent juste derrière. Cependant, les sondés sont près de la moitié (47 %) à ne pas savoir comment s’y prendre. D’où la popularité croissante des tutoriels sur YouTube, Instagram et autres plateformes en ligne.
« Bouquets de fleurs séchées, produits de beauté, herbier, dessin à l’aquarelle, jardinage, pâtisserie, yoga… Depuis un an, j’explore plein de domaines, explique Constance, 28 ans, cheffe de projet marketing. Je suis même des cours en ligne sur la décoration d’intérieur. Cela me passionne. »
Les master class pour acquérir des compétences ont trouvé des adeptes supplémentaires. Ces cours de perfectionnement, donnés par des experts, permettent de s’adonner à différentes disciplines, sans devoir passer un diplôme à la fin. Il s’agit davantage de développement personnel que d’apprentissage à proprement parler. Cela peut aller des cours de peinture à la manière de créer un podcast, en passant par les recommandations d’une cheffe d’entreprise. De plus en plus d’offres émergent. Le chanteur Maître Gims, le footballeur Karim Benzema, l’influenceuse mode Chiara Ferragni, le compositeur de musique de film Hans Zimmer, l’auteure Leïla Slimani… Chacun a lancé sa master class. Certains proposent même une plateforme complète de cours, comme Dorothée Gilbert, danseuse étoile à l’Opéra de Paris, qui a créé son programme d’apprentissage et de perfectionnement BalletMasterclass.fr, fin 2020, et propose une formule à 150 euros par an.
Fort de son succès, le site américain de référence en la matière, MasterClass.com, a levé 100 millions de dollars au mois de mai. A l’instar de Netflix, il offre un accès illimité à son contenu à raison d’un abonnement annuel de 180 dollars. Pour moins de 150 euros par an, vous pouvez ainsi cuisiner au côté de Gordon Ramsay, prendre une leçon de tennis avec Serena Williams, écouter les conseils de la photographe Annie Leibovitz, découvrir comment décupler votre créativité en compagnie du cinéaste David Lynch ou votre leadership avec l’éditrice Anna Wintour. Dispensés exclusivement en anglais, ces cours en ligne sont aussi l’occasion d’améliorer sa maîtrise de la langue. Cela tombe bien : en 2021, 1 actif sur 2 prévoit de se former prioritairement à distance, selon une enquête BVA.