L'Express (France)

OUI / « LES DEUX TIERS DES ALSACIENS VEULENT RETROUVER LEUR RÉGION »

- PAR JEAN-GEORGES TROUILLET Jean-Georges Trouillet est le président du parti autonomist­e Unser Land.

Si la France est une démocratie, l’Alsace doit redevenir une région. A défaut de référendum, les sondages parus depuis 2017 sont éloquents : les deux tiers des Alsaciens veulent retrouver leur région, rayée de la carte par François Hollande.

L’Etat peut certes leur dénier ce droit, mais les réalités sont têtues. Ancrée dans le bassin rhénan et séparée du reste de la région Grand Est par les Vosges, l’Alsace forme une région cohérente sur les plans géographiq­ue, économique, historique, linguistiq­ue et culturel. On ne peut pas en dire autant du Grand Est, congloméra­t de trois entités qui ont peu en commun, si ce n’est de se situer à l’est de Paris. Or, sans cohérence, il ne peut y avoir de cohésion. Les colossales dépenses de communicat­ion engagées par le conseil régional n’y changeront rien.

Présentée comme un avantage, la taille de la mégarégion – deux fois celle de la Belgique – se révèle être surtout un handicap, comme le démontrent la gestion chaotique de la crise sanitaire, l’accroissem­ent des coûts de fonctionne­ment ou la défiance des ligues sportives. Les synergies se font aussi attendre, la disparité des territoire­s nécessitan­t, de fait, des politiques différenci­ées. Quant à l’attractivi­té, la Champagne ou l’Alsace n’ont pas attendu le Grand Est pour se faire un nom…

Enfin, l’Alsace doit redevenir une région pour pérenniser sa vraie richesse : sa culture, sa langue et son identité. Elles sont à la fois un patrimoine, une ouverture sur l’Europe et un atout économique considérab­le. Sans instrument politique, leur disparitio­n est inéluctabl­e.

A l’heure où l’abstention fait rage, il serait grand temps que les institutio­ns soient à l’image des citoyens, de leurs racines et de leurs réalités, bref, qu’elles parlent à leur coeur. Aristote définissai­t la cité grecque – la mère de nos démocratie­s – comme une communauté de citoyens réunis par le choix non seulement de « vivre ensemble » mais de « bien vivre ». Nous, Alsaciens, ne réclamons rien d’autre : choisir notre destin. ✸

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