PAR DOLORES REDONDO, TRAD. DE L’ESPAGNOL PAR ANNE PLANTAGENET. GALLIMARD/SÉRIE NOIRE, 688 P., 20 €.
Il y a quelques années, Dolores Redondo nous avait accrochés avec sa « trilogie du Baztan », plongée policière dans une vallée des Pyrénées espagnoles, où la pluie ne s’arrête jamais et où la mythologie basque imprègne la vie quotidienne. Avec La Face nord du coeur, la romancière se renouvelle en situant son intrigue principale aux Etats-Unis. Mais elle ne renonce pas à ce qui a fait sa force : son héroïne, la policière navarraise Amaia Salazar, au si lourd passé, et cette atmosphère à la fois hyperréaliste et baignée de surnaturel qui fait sa singularité. Nous sommes en 2005, et Amaia Salazar, lancée aux trousses d’un tueur qui profite des catastrophes naturelles (tornades, ouragans…) pour massacrer des familles, enquête à La Nouvelle-Orléans. La tempête Katrina menace, puis engloutit la ville sous des tonnes d’eau. Des milliers de kilomètres séparent la Louisiane des montagnes basques, pourtant les univers sans cesse se font écho. Aux esprits vaudous de l’un répondent les basajaunak de l’autre, la violence des éléments est partout la même, et la cruauté des hommes aussi dévastatrice. Les chapitres vont et viennent entre Europe et Etats-Unis, entre passé et présent du personnage principal. Ceux qui avaient aimé la trilogie du Baztan se retrouveront avec plaisir dans ce nouvel opus sans avoir le sentiment d’une redite. Ceux qui ne connaissent pas encore l’univers de Dolores Redondo y trouveront une porte d’entrée aisée avec cette intrigue version FBI aux repères familiers. Qui devrait les conduire naturellement vers les premières aventures d’Amaia Salazar, plus surprenantes encore, qui paraissent en poche chez Folio.