Les piqûres du Dr Xi
En déployant sa diplomatie vaccinale sur la terre entière, l’empire du Milieu met en exergue les égoïsmes occidentaux.
C’est tout sauf une surprise : les piques chinoises à l’égard des Etats-Unis n’ont pas cessé avec le départ de Donald Trump. Au contraire, elles se sont transformées en piqûres depuis l’arrivée de Joe Biden. Des piqûres de rappel à Washington concernant la détermination sans faille du régime à dicter au reste de la planète son récit de la pandémie (et en particulier de ses origines). Mais des piqûres bien réelles aussi, sous forme de seringues remplies de vaccin anti-Covid, expédiées dans le monde entier. C’est ainsi que Xi Jinping déploie sa diplomatie vaccinale. Après les masques et les combinaisons de protection, l’empire du Milieu répand ses remèdes de la Serbie au Maroc, de l’Argentine à la Hongrie, en exploitant les égoïsmes occidentaux. Une tentative pour la Chine de faire oublier sa responsabilité dans la diffusion du virus l’an dernier. Une responsabilité déjà largement pardonnée puisque l’équipe d’enquêteurs de l’Organisation mondiale de la santé dépêchée à Wuhan s’est montrée très indulgente sur les fautes locales. Premier à rebondir sur le plan économique, le géant asiatique entend redorer son blason, terni par les atteintes aux droits de l’homme dans le Xinjiang, la répression à Hongkong ou la politique d’intimidation militaire face à Taïwan. Heureusement, il y a les vaccins ! Il ne se passe plus un jour sans l’annonce de nouvelles livraisons de Sinopharm ou de Sinovac. Loué soit Dr Xi ! Les télégrammes de remerciements affluent à Pékin, relayés par la propagande. Que fait donc l’Occident ? Rien, sinon réserver ces antidotes à ses citoyens. L’administration américaine a promis 200 millions de doses supplémentaires d’ici à la fin de l’été pour sa population. A Bruxelles, la Commission, très critiquée pour ses retards, s’est engagée à accélérer le calendrier. Mais dans les deux cas, les nouvelles doses ne concerneront qu’une poignée d’Etats. Laissant le champ libre aux dirigeants chinois pour jouer aux bienfaiteurs de l’humanité en partageant leurs vaccins avec 53 autres pays. Un « soft power » sanitaire redoutablement efficace, dernière péripétie en date dans la confrontation entre les deux géants de la planète.
— P. 18. 2021, l’année de la Chine
— P. 19. Xi Jinping craint d’être isolé par son
« vieil ami » Joe Biden
— P. 20. « Ici, les gens sont prêts à accepter beaucoup pour se libérer du virus »
— P. 22. Hainan, vitrine des ambitions chinoises
— P. 23. Les BATX, bras armés du pouvoir