Mario Draghi, le meilleur d’entre eux
A peine nommé, le nouveau président du Conseil doit, d’urgence, s’atteler au plan de relance. A la clef, 209 milliards d’euros.
Apeine désigné par le président Sergio Mattarella, « Super Mario » a accompli un premier miracle. Le Premier ministre italien a rassemblé dans un même gouvernement des ennemis jurés : les antisystèmes du Mouvement 5 étoiles avec les berlusconistes de Forza Italia, mais aussi les socialistes du Parti démocrate avec la Ligue, le mouvement d’extrême droite de Matteo Salvini. Tous s’accordent à considérer que l’ancien gouverneur de la Banque d’Italie, « sauveur » de l’euro lorsqu’il était à la tête de la Banque centrale européenne (de 2011 à 2019), est l’homme de la situation. Leur soulagement est partagé à Paris, Berlin et Bruxelles, où le choix de Mario Draghi a été accueilli par un concert de louanges. Et pour cause : il n’existe pas de profil plus rassurant que celui de cet homme discret, fin stratège au visage impassible, pour dépenser au mieux les 209 milliards d’euros que l’Union européenne a alloués à l’Italie afin de relancer son économie, l’une des plus affectées par la crise épidémique (chute de 8,9 % du PIB en 2020). Car beaucoup s’inquiètent de la capacité du pays à gérer cette manne. « Trop souvent, l’Italie n’arrive pas à mener à terme ses grands projets d’investissements, déplore Marcello Messori, professeur d’économie à l’université romaine de Luiss. Les procédures sont longues, les acteurs nombreux et la législation tellement complexe que personne ne veut endosser la responsabilité des contrats. » En cause, une fonction publique peu compétente, affaiblie par trente ans d’austérité et de coupes claires. Mais Mario Draghi a un atout : « Il a été directeur général du Trésor pendant dix ans, souligne Giuliano da Empoli, directeur du think tank Volta et auteur des Ingénieurs du chaos (JC Lattès, 2019). A ce titre, il a une connaissance unique de l’administration italienne. » Le Romain de 73 ans n’a pas beaucoup de temps devant lui : la Commission européenne ne versera les fonds que si l’Italie procède à des réformes profondes de l’Etat. Echéance prévue fin 2023. Bon courage, « Super Mario »…