L'Express (France)

Ils vivent dans une minimaison

S’installer dans une tiny house en bois : une solution à faible impact environnem­ental, minimalist­e et abordable, qui commence à percer en France.

- PAR CAROLINE LUMET

Tiny House Nation sur Netflix, Tiny house : minimaison à emporter sur 6Ter…, les émissions consacrées aux logis miniatures fleurissen­t. De 10 à 45 mètres carrés, ces habitats écologique­s sur roues promettent un mode de vie minimalist­e et proche de la nature. A l’intérieur, tout est optimisé : chaque marche et soubasseme­nt sert d’espace de rangement, les meubles sur mesure se font deuxenun : canapé et lit, table basse rehaussabl­e… Pas de place pour le futile. Il y a trois ans, à l’adoption de ses jumeaux, alors âgés de 5 ans, Andrianka, 41 ans, convainc son mari Etienne, ingénieur aéronautiq­ue, de changer de vie. « Une fois le pas franchi, on ne peut plus renoncer à cette sobriété heureuse », assuretell­e. On est peutêtre plus intransige­ants que certains parents sur le rangement, mais on est aussi plus proches, je pense, et plus attentifs aux uns et aux autres. » Et pour l’intimité de couple ? « C’est la question qui revient toujours. Les garçons ont le sommeil lourd. La forêt regorge de petits coins de paradis. Et puis, on a plus de moyens pour des virées romantique­s », répondelle malicieuse­ment. Car l’un des avantages de la minimaison, c’est sa faible facture énergétiqu­e, due au petit espace à chauffer et à une bonne isolation thermique. Certaines peuvent même aller jusqu’à être complèteme­nt autonomes. En France, le coût moyen d’une minimaison est de 80 000 euros clefs en main, pour 20 mètres carrés avec mezzanine. « Les faibles revenus se tournent vers l’autoconstr­uction ; il faut alors compter entre 15 000 et 30 000 euros », explique Laëtitia Dupé, qui a découvert le principe il y a huit ans : « Je travaillai­s comme designer produit à Paris, où je vivais dans un studio. Je suis revenue à Nantes construire ma tiny. » Elle cofonde ensuite l’entreprise de constructi­on Baluchon. Les premiers chantiers se succèdent, lentement d’abord. En 2020, 12 commandes arrivent. Ses clients : retraités, étudiants, jeunes couples, toutes catégories socioprofe­ssionnelle­s confondues. « Leur seul point commun, c’est d’être soucieux de l’environnem­ent. » Baluchon accueille régulièrem­ent des bricoleurs qui cherchent à se former. « Il y a un vrai esprit de communauté chez les “tinyistes”. Les entreprise­s ouvrent facilement leurs ateliers. Sur Internet, on partage nos expérience­s. On propose des apéros pour faire visiter, prêter, voire louer », raconte Jérémy Cottaz, qui a vendu son appartemen­t lyonnais pour vivre dans une minimaison avec sa compagne. En cinq ans, Collectif Tiny House – qui met en ligne documents et conseils techniques – est passé de 7 000 membres sur Facebook à près de 14 000. Mais tous les projets n’aboutissen­t pas. « Selon les dernières estimation­s, la France comptait 600 tiny il y a deux ans. Aujourd’hui, je pense qu’on en est à 100 ou 200 de plus », évalue Stéphane Vayssettes, assureur chez Axa, un des seuls à avoir développé une expertise en la matière. Mais, pour Jérémy, « l’éveil des conscience­s écologique­s, la crise économique qui guette vont accélérer l’essor du mouvement. Vivre en tiny house, c’est reposant et stimulant à la fois ».

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Tout est optimisé : espaces de rangement, meubles sur mesure…
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Un habitat écologique qui a le vent en poupe.

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