La médecine, nouveau pari de Richard Branson
Le milliardaire britannique va investir dans la start-up 23andMe, spécialisée dans les tests génétiques. Son ambition : révolutionner le secteur de la santé.
Après l’espace, le génome. Jamais à court d’idées, le milliardaire britannique Richard Branson, fondateur de Virgin Group, va investir une (petite) partie de sa fortune pour introduire en Bourse la start-up américaine 23andMe, pionnière des tests ADN pour les particuliers. Cet argent frais arrive à point nommé pour l’entreprise californienne. 23andMe propose depuis 2007 des kits permettant de connaître, à partir d’un échantillon de salive, les origines de ses ancêtres ou ses prédispositions à telle ou telle maladie. Mais, après des années de croissance à deux chiffres, le marché des tests ADN à domicile ne fait plus recette, notamment parce qu’un nombre croissant d’Américains ont peur de voir leurs données génétiques exploitées sans leur consentement. Pour se refaire une santé, 23andMe est en train d’opérer un de ces virages à 90 degrés, dont les entreprises de la tech californienne ont le secret. Désormais, sa priorité est de travailler pour l’industrie pharmaceutique, en s’appuyant sur une base de données unique au monde : les profils génétiques des 10,7 millions de clients qui lui ont, un jour, envoyé un peu de leur ADN. Un accord a déjà été passé avec le géant britannique GSK afin d’accélérer la recherche de médicaments, et les deux sociétés ont lancé leur premier essai clinique commun l’été dernier en faveur d’un traitement en cancérologie. « Nous essayons de transformer la médecine, et c’est une vision à long terme. Cela ne se fait pas du jour au lendemain », a indiqué la semaine dernière Anne Wojcicki, PDG de 23andMe, au Financial Times. Cela va surtout demander des moyens considérables, alors que son entreprise perd de l’argent : ses ventes ont reculé de 30 % sur l’année 2020, à 305 millions de dollars, selon un document présenté aux investisseurs. Le même document anticipe 30 % de baisse supplémentaire en 2021. Pas vraiment de quoi attirer les petits porteurs… Qu’importe ! Pour limiter les risques, l’opération se fera via un tour de passe-passe très à la mode à Wall Street : 23andMe va fusionner avec VG Acquisition, la Spac (Special Purpose Acquisition Company) de Richard Branson, qui avait levé 480 millions de dollars en fin d’année dernière. Ce statut limite les contraintes d’une entrée en Bourse classique en s’appuyant sur la confiance qu’inspire un sponsor – en l’occurrence Sir Richard Branson. Libre ensuite au créateur de la Spac de s’associer avec l’entreprise de son choix. « Cela évite beaucoup de paperasserie », a précisé à l’agence de presse Bloomberg le milliardaire, qui a déjà utilisé ce procédé l’an dernier pour financer Virgin Galactic, sa compagnie de vols spatiaux touristiques. 23andMe, dont Branson fut l’un des premiers investisseurs, pourrait lui donner l’occasiode toucher le jackpot : l’opération valorise la start-up 3,5 milliards de dollars. La génétique, mieux que les étoiles ?