NON / « LA QUESTION DU MOMENT EST CELLE DE LA PRODUCTION »
La question de la licence n’est pas illégitime mais n’est pas celle du moment. Libérer les licences des vaccins signifie qu’il y aurait un problème de prix, et donc des doses disponibles mais non accessibles car trop chères. Or, aujourd’hui, nous faisons face au problème de la sous-production. Même les entreprises qui disposent du brevet ne produisent pas assez de doses. Et, quand bien même les licences seraient publiques, aucune entreprise pharmaceutique n’est capable de produire des vaccins utilisant l’ARN messager à la place de Moderna et de Pfizer-BioNTech. Ces technologies sont trop récentes, trop innovantes, pour être transférées d’une usine X vers une usine Y. Si un jour, un pays n’a pas accès aux doses de vaccins à cause de leurs prix, alors, oui, la question de la licence deviendra légitime. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Je me réjouis que l’Union européenne et en particulier la France soient mobilisées depuis le début de la crise pour financer le mécanisme Covax qui fournira des vaccins aux pays en développement, et pour leur réserver à l’avenir une partie de leurs propres achats de vaccins. La question du moment, c’est comment faire en sorte que les doses précommandées par l’UE soient produites rapidement et que l’entièreté de la chaîne industrielle suive pour que les Européens soient vaccinés et que notre économie reprenne. Nous travaillons à l’accélération des partenariats de production entre les laboratoires à cette fin. C’est le sens de la démarche de la Commission européenne et de Thierry Breton, commissaire en charge de l’industrie, et celle que je mène au Parlement européen sur la transparence des livraisons de doses. Nous avons besoin de tous les éléments pour mener l’effort de guerre de la production du vaccin. Pour sortir de la crise, il faut répondre à ce défi. Ne nous trompons pas de débat.
Pascal Canfin est le président français de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement européen.