L'Express (France)

PAR OLIVIER ADAM. FLAMMARION, 264 P., 20 €.

- P. L.

On avait quelques appréhensi­ons à ouvrir le nouveau roman d’Olivier d’Adam. Il faut dire qu’en refermant son dernier livre, Une partie de Badminton (2019), on était aussi déçu qu’agacé par les aventures pas très heureuses de son double littéraire. Mais voilà qu’avec Tout peut s’oublier, l’écrivain réinvestit le thème central de son oeuvre : la disparitio­n, et plus particuliè­rement le poids de l’absence. Et c’est très réussi. Un matin, cinq mois après son divorce, Nathan reçoit un coup de fil de l’école de son fils. Ce dernier manque à l’appel. Inquiet, il se rend chez son ex-femme et découvre un appartemen­t vide qu’un agent immobilier fait déjà visiter à de futurs locataires. Dans la cour de l’immeuble, quelques cartons abandonnés débordent de jouets et de vêtements. C’est le début d’un long calvaire. Jun a fui au Japon, dont elle est originaire, en emmenant leur enfant de 5 ans. A mesure que les semaines s’écoulent au rythme de l’angoisse, Nathan le nonchalant se mue en combattant, multiplie les démarches tout en remontant le fil de ses souvenirs pour tenter d’y trouver une explicatio­n. Truffé de références cinématogr­aphiques et de variété française, ce récit d’un impossible deuil nous ballote de la Côte d’Emeraude au Japon, lieux chers au romancier, qui nous en offre des descriptio­ns douces-amères. S’appuyant sur des faits réels, ce court roman flirte parfois avec le document et met en lumière le drame que vivent de nombreux parents au Japon, pays qui ne reconnaît ni le partage de l’autorité parentale ni le droit de visite. En découle le portrait d’un père cerné par le chagrin. On se laisse envahir avec bonheur par cette douce et terrible mélancolie dont Olivier Adam a le secret.

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