Surcyclez, réparez... et faites circuler
La propension au réemploi des vêtements et des chaussures s’accélère dans l’univers du prêt-à-porter et du luxe. L’objectif ? Une mode plus responsable.
Le9 février 2021, la boutique en ligne MM6 Maison Margiela a annoncé le lancement prochain de Upcycled Patchwork Capsule, une minicollection de pièces emblématiques de la griffe revisitées à partir de tissus non utilisés la saison précédente. Un mois plus tôt, Louis Vuitton inaugurait sa première « résidence éphémère » parisienne, dédiée à la collection sneakers et accessoires de Virgil Abloh. La star de ce pop-up store : la LV Trainer Upcycling. Un modèle unique qui recycle la célèbre basket, en l’allégeant de sa partie montante, et en la transformant avec des languettes et des semelles de couleur, ce qui exige sept heures de couture par paire. Cette exclusivité s’inscrit dans le projet Upcycling de la maison, lancé lors du défilé homme printemps-été 2021, soit 25 looks confectionnés à partir d’anciennes collections.
Depuis plusieurs mois, les annonces de ce type se multiplient : Miu Miu, avec 80 robes issues de pièces chinées aux quatre coins du monde ; Caroll et la marque de revalorisation de textile Les Récupérables, avec une capsule de sept pièces pour ce printemps ; Maje, cet hiver, avec sa série Remade With Love ; ou encore Sessùn et son opération Recollection : « On rapporte un jean en boutique, peu importe la marque, son état et la taille, explique Emma François, fondatrice de la marque. Les denims sont renvoyés au siège, triés par coloris. Une première partie est expédiée vers un atelier de réinsertion locale [NDLR : 13 A’tipik] où ils sont décomposés et réassemblés sous forme de vêtements et de coussins. La seconde part vers Les Filatures du parc, dans le Tarn, pour être transformée en fil : à partir de là, on crée une ligne de bonneterie (cols roulés, tee-shirts…) en fil recyclé. Le circuit est complet. » La collection devrait voir le jour en mai.
La tendance de l’upcycling (« surcyclage » en français) n’est pas nouvelle. Le principe : faire du neuf – et du beau – avec du vieux. Dès 2010, Hermès lançait Petit h, une collection élaborée à partir de matériaux destinés à être jetés. D’autres maisons comme Marine Serre, Stella McCartney ou encore Viktor & Rolf en sont adeptes depuis plusieurs années. Ce qui a changé ? L’accélération du phénomène. Entre autres raisons : l’article 35 de la loi du 10 février 2020 qui oblige au réemploi, à la réutilisation ou au recyclage des invendus de produits non alimentaires neufs.
Les acteurs de la mode se mobilisent. A l’issue d’une consultation citoyenne organisée avec l’association Paris Good Fashion, un collectif regroupant plusieurs enseignes (Galeries Lafayette, Groupe Etam, Petit Bateau…) a annoncé le 11 février 12 engagements pour une mode plus responsable. Une liste vertueuse où le recyclage et la seconde main arrivent en tête. « Cela chahute les codes. Jusque-là, on était plutôt sur un produit qui en démodait un autre… Il y a une prise de conscience, indique Vincent Grégoire, chasseur de tendances pour l’agence de style Nelly Rodi. On n’arrête pas d’identifier des start-up qui combattent les stocks dormants et qui recyclent les matières premières des grandes marques de luxe. »
Dans cette logique antigaspillage, la tendance est aussi à la réparabilité. C’est le cas chez Petit Bateau, qui propose des tutoriels pour enfants et adultes afin de réparer un vêtement troué, taché ou déchiré. Dan Arrouas, directeur général de Ba&sh, annonçait récemment sur BFM Business la mise en place d’ateliers de réparation dans certaines boutiques dès cette année. Et la marque de chaussures Eram propose depuis quelques mois à ses clients de rapporter leurs paires usagées en boutique : « On s’occupe de les remettre en état. Nous avons ainsi installé un petit établi de cordonnier dans trois boutiques », explique François Aspe, codirecteur de la marque. Des chaussures réintroduites ensuite sur le marché. A plus grande échelle, Etam lance ce mois-ci une opération de seconde vie des soutiens-gorge. Déposés en magasins, les produits seront examinés, nettoyés, triés puis redistribués. De la réparation à l’occasion, il n’y a qu’un pas. Et le circuit est bouclé.
Complétez la grille avec les chiffres manquants dans chaque zone entourée de gras, sachant que :
- Une zone de deux cases contient les chiffres 1 et 2, une zone de trois cases les chiffres 1, 2 et 3, etc.
- Un chiffre placé dans une case ne peut se retrouver dans aucune des cases qui l’entourent (y compris en diagonale).