L'Express (France)

Perseveran­ce, un petit tour de rover pour anticiper un grand pas de l’humanité

La mission Mars 2020 n’a pas seulement un objectif scientifiq­ue. Elle prépare l’arrivée de l’homme sur la planète rouge.

- PAR BRUNO D. COT

Derrière la réussite qui sourit aux audacieux, il y a aussi le panache. L’arrivée du rover Perseveran­ce sur le sol de Mars a émerveillé nombre de Terriens. Beaucoup y ont vu un exploit de l’Agence spatiale américaine (Nasa), mais celui-ci n’était pas inédit, puisqu’il s’agit de la cinquième astromobil­e à fouler cette planète lointaine, froide et déserte. Cependant, il faut reconnaîtr­e aux ingénieurs de la Nasa le souci de toujours faire mieux. Si Perseveran­ce a respecté chaque étape de la descente – les fameuses « sept minutes de terreur » –, une de plus est passée quasi inaperçue : l’engin s’est parfaiteme­nt mis en orbite après avoir parcouru un peu moins de 500 millions de kilomètres, puis a décéléré, passant de 19 500 à 1 500 kilomètres-heure, avant de déployer un parachute géant (21,5 mètres de diamètre), de larguer son bouclier thermique, puis de se poser comme une fleur grâce à une sorte de grue. Mais, dans la phase finale, contrairem­ent à son prédécesse­ur Curiosity, Perseveran­ce était doté d’une intelligen­ce embarquée, c’est-à-dire un logiciel de reconnaiss­ance visuelle qui l’a amené à comparer ce que ses caméras observaien­t au sol avec une série de cartes stockées dans sa mémoire. Il a pu ainsi se déporter horizontal­ement (une manoeuvre risquée) pour se poser sur un terrain plat en évitant quelques rochers. Cette prouesse-là n’a rien d’anodin. Mieux, elle vise à préparer le débarqueme­nt de l’homme sur Mars.

Mais avant d’en arriver là, et quels que soient les scénarios planifiés par les différente­s agences spatiales, il faudra préalablem­ent déposer un certain nombre de modules – habitation, source d’énergie, laboratoir­e – afin de construire un embryon de base. Il serait bien malvenu que ces derniers se retrouvent à de grandes distances les uns des autres. Et de voir ainsi les futurs astronaute­s, à l’instar de Matt Damon dans le film Seul sur Mars, parcourir des dizaines de kilomètres pour passer d’un lieu à un autre. Là est la différence entre la science et la fiction. Demain, la précision d’« amarsissag­e » deviendra cruciale pour imaginer la moindre colonisati­on et la Nasa s’y prépare déjà, tout en refusant de dater un tel dessein. Au-delà de l’objectif scientifiq­ue (trouver des traces de vie passée), la Nasa seule développe les technologi­es visant à séjourner sur la planète rouge. Elon Musk, le PDG de SpaceX, continue à fanfaronne­r en affirmant que lui sera prêt dès 2026. Les autres spécialist­es, même les plus optimistes, estiment qu’une telle mission ne se fera pas avant la décennie… 2040 ! Les rovers n’ont pas encore fini d’être seuls sur Mars, mais c’est aussi pour l’avenir de l’humanité qu’ils travaillen­t.

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