Perseverance, un petit tour de rover pour anticiper un grand pas de l’humanité
La mission Mars 2020 n’a pas seulement un objectif scientifique. Elle prépare l’arrivée de l’homme sur la planète rouge.
Derrière la réussite qui sourit aux audacieux, il y a aussi le panache. L’arrivée du rover Perseverance sur le sol de Mars a émerveillé nombre de Terriens. Beaucoup y ont vu un exploit de l’Agence spatiale américaine (Nasa), mais celui-ci n’était pas inédit, puisqu’il s’agit de la cinquième astromobile à fouler cette planète lointaine, froide et déserte. Cependant, il faut reconnaître aux ingénieurs de la Nasa le souci de toujours faire mieux. Si Perseverance a respecté chaque étape de la descente – les fameuses « sept minutes de terreur » –, une de plus est passée quasi inaperçue : l’engin s’est parfaitement mis en orbite après avoir parcouru un peu moins de 500 millions de kilomètres, puis a décéléré, passant de 19 500 à 1 500 kilomètres-heure, avant de déployer un parachute géant (21,5 mètres de diamètre), de larguer son bouclier thermique, puis de se poser comme une fleur grâce à une sorte de grue. Mais, dans la phase finale, contrairement à son prédécesseur Curiosity, Perseverance était doté d’une intelligence embarquée, c’est-à-dire un logiciel de reconnaissance visuelle qui l’a amené à comparer ce que ses caméras observaient au sol avec une série de cartes stockées dans sa mémoire. Il a pu ainsi se déporter horizontalement (une manoeuvre risquée) pour se poser sur un terrain plat en évitant quelques rochers. Cette prouesse-là n’a rien d’anodin. Mieux, elle vise à préparer le débarquement de l’homme sur Mars.
Mais avant d’en arriver là, et quels que soient les scénarios planifiés par les différentes agences spatiales, il faudra préalablement déposer un certain nombre de modules – habitation, source d’énergie, laboratoire – afin de construire un embryon de base. Il serait bien malvenu que ces derniers se retrouvent à de grandes distances les uns des autres. Et de voir ainsi les futurs astronautes, à l’instar de Matt Damon dans le film Seul sur Mars, parcourir des dizaines de kilomètres pour passer d’un lieu à un autre. Là est la différence entre la science et la fiction. Demain, la précision d’« amarsissage » deviendra cruciale pour imaginer la moindre colonisation et la Nasa s’y prépare déjà, tout en refusant de dater un tel dessein. Au-delà de l’objectif scientifique (trouver des traces de vie passée), la Nasa seule développe les technologies visant à séjourner sur la planète rouge. Elon Musk, le PDG de SpaceX, continue à fanfaronner en affirmant que lui sera prêt dès 2026. Les autres spécialistes, même les plus optimistes, estiment qu’une telle mission ne se fera pas avant la décennie… 2040 ! Les rovers n’ont pas encore fini d’être seuls sur Mars, mais c’est aussi pour l’avenir de l’humanité qu’ils travaillent.