Les limites de la gouvernance à la française
La question de la dissociation des postes de président et de DG se pose aujourd’hui pour nos grandes entreprises.
M «ieux vaut être seul que mal accompagné… » « Seul, c’est bien, à deux, c’est mieux… » Les adages sur les vices et les vertus de la vie de couple ne manquent pas, et chacun peut y piocher sa vérité. Pour la majorité de nos patrons, la chose est entendue : la solitude des sommets ne se partage pas ! Une originalité du système tricolore, où les sociétés peuvent choisir leur mode de gouvernance. Dans les pays anglo-saxons, la dissociation entre les postes de président et de directeur général est la règle. Mais chez nous, les temps changent. Acculé par trois fonds d’investissement qui exigent la séparation des pouvoirs ainsi que sa tête, le patron de Danone, Emmanuel Faber, se dit désormais prêt… à rendre une de ses casquettes. Dans le même temps, Martin Bouygues, patron du groupe de BTP, médias et télécoms, a accepté d’en changer la gouvernance, pour prendre du champ et préparer sa succession.
De quoi réveiller la querelle des Anciens et des Modernes, ces derniers martelant que seul le partage du pouvoir peut éviter les dérives autocratiques . Vraiment ? Le duo Clamadieu-Kocher, respectivement président et directrice générale d’Engie, a rapidement tourné à la guerre ouverte, menaçant l’énergéticien d’implosion. La vraie question n’est-elle pas plutôt celle du rôle des conseils d’administration (CA), censés faire office de contre-pouvoir ? Car c’est là une autre spécificité française : des administrateurs cumulant les jetons de présence, mais pas toujours les compétences, et des CA trop souvent semblables à des chambres d’enregistrement.