Faut-il célébrer les 150 ans de la Commune de Paris ?

L’insurrection populaire déclenchée le 18 mars 1871 est aussi mythique que controversée. Sa commémoration prochaine par Anne Hidalgo suscite la polémique.

OUI / « UN ÉVÉNEMENT QUI ÉCLAIRE NOS COMBATS D’AUJOURD’HUI »

La Commune de Paris est un épisode essentiel, constitutif de l’histoire de la ville et de sa mémoire. Pour ce 150e anniversaire, Anne Hidalgo a souhaité effectivement inviter les Parisiennes et les Parisiens d’aujourd’hui à mieux connaître, ou à découvrir cette expérience unique. C’est tout le sens de la riche programmation que, en qualité d’adjointe à la maire chargée de la Mémoire, j’ai mise en place avec le concours des élus des arrondissements où se produisirent, en 1871, ces soixante-douze jours exceptionnels. Rappelons-le, la Commune de Paris s’organisa en réaction au siège terrible subi par les Parisiens. Certes, elle fut le creuset d’épisodes douloureux qu’il ne s’agit pas de nier. Il faut néanmoins rappeler que les violences s’exercèrent de toute part, et que les communards en furent, eux aussi, les victimes : nombre d’entre eux moururent tandis que d’autres furent déportés. L’épisode n’en fut pas moins porteur d’un espoir extraordinaire .

La Commune de Paris est passionnante, car elle expérimenta un projet politique ambitieux, celui d’une République démocratique et sociale avec, en son coeur, des ambitions d’une grande modernité qui font écho à certaines des aspirations d’aujourd’hui. Je pense, bien sûr, à la démocratie participative, à l’envie de la population de s’organiser pour agir sur son quotidien, d’élire des représentants légitimes, notamment des femmes, jusqu’alors privées de droit de vote – ce n’est pas un hasard si Louise Michel reste l’une des grandes figures de ce mouvement.

Il est question d’une mobilisation réellement populaire, soucieuse de la notion de bien commun, de l’amélioration des conditions de travail de chacune et chacun, et qui aborda des sujets qui sont aujourd’hui précisément au centre de nos préoccupations : l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes, la réquisition de logements vacants pour les pauvres, la gratuité de la justice, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la reconnaissance de l’union libre, la citoyenneté accordée aux étrangers…

Il est juste de célébrer un événement historique qui éclaire nos combats d’aujourd’hui. ✸